L'EXAMEN
Ce matin, c’est l’épreuve « en blanc » d’Histoire. Certains l’affirment plus difficile que l’examen lui-même le jour J.
Peu importe la difficulté, je dois réussir, car la note compte dans la moyenne. Depuis des semaines déjà, j’ai passé des heures, des jours, des nuits entières à réviser des chapitres interminables, faire des fiches, classer, surligner, approfondir, analyser….
J’ai pourtant fait l’impasse sur un chapitre que je n’arrive pas à assimiler. Et avec ma chance légendaire, c’est certain, c’est celui-ci qui va sortir.
Il est 8 heures, dans cet amphithéâtre immense, neutre, impersonnel. Chaque étudiant s’est installé à l’endroit indiqué, séparé de son voisin par une place vide. Les feuilles de brouillon de couleurs différentes ont déjà été distribuées. Le silence pesant plombe l’atmosphère. Les regards se croisent interrogatifs, anxieux. Plus rien ne traîne sur les tables. Les téléphones coupés sont rangés.
À cet instant, le surveillant se lève, impassible, aussi indifférent que l’espace qui l’entoure. Il attrape l’énorme pile de ces documents encore secrets et commence la distribution, lentement, pour faire durer le suspens. Il dépose une à une les copies retournées. Interdiction de regarder le sujet.
Je commence à avoir des sueurs froides. De fines gouttes perlées ruissellent sur mon front et dans mon cou. Je tremble. Une quinte de toux m’enserre la gorge.
Le surveillant s’approche et me dépose le précieux sujet. Je dévisage mon voisin, le questionne du regard. Cette attente devient insupportable pourtant elle n’aura duré que quelques minutes.
Voilà. Je ne sais plus rien ! Un trou. Que dis-je, un précipice, un gouffre ! Tout ce travail intensif pour tout oublier d’un seul coup !
Enfin, l’autorisation de découvrir le sujet.
Je ne peux plus reculer. Je suis face à face avec mon destin.
Je commence à lire les premières lignes :
« Nous sommes en 2187… »
2187 ? Il doit y avoir une erreur dans les chiffres. Je recommence : « Nous sommes en 2187. La troisième guerre mondiale vient de se terminer. Ces évènements seront relatés dans les prochains livres d’Histoire. À vous d’… »
Non mais, je rêve ! Oui, c’est ça, je dois rêver ! Je lis et je relis encore et encore ce dernier mot :
« À vous d’imaginer… » I-MA-GI-NER !