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Par Édith PROT

Nicolas CORDIER

Vous êtes en train de visiter Rome. Le colisée, les ruines romaines et la fontaine … Bref, vous visualisez ? Parfait. Donc vous arpentez la ville et, mu par je ne sais quelle lubie soudaine de votre guide, vous entrez dans la basilique de Latran. Il vous fait admirer de nombreuses statues de la Renaissance et vous informe que beaucoup d’entre elles sont dues au talent de Nicolo Cordieri de Lorena. Mmm. Pourquoi pas ? Vous n’en avez jamais entendu parler, mais bon, vous êtes poli et il avait du talent. À ce moment-là, votre guide, avec un sourire espiègle, vous précise que cet artiste, surnommé le Franciosino par ses contemporains, n’était pas italien. Il était meusien. Il n’y a pas de quoi être scié ??

Nicolas Cordier nait à Saint-Mihiel en 1567. Il entre très vite comme apprenti dans l’atelier de Richard Ligier, qui se trouve être aussi doué comme professeur que son père Ligier l’était comme artiste. Très vite distingué pour son talent de restaurateur, Nicolas rejoint la Cour de Charles III à Nancy. Son protecteur est si admiratif pour son travail qu’il va l’aider à créer son propre atelier à Rome. Le succès est immédiat.

On le sollicite de partout pour restaurer des sculptures ou pour en réaliser de nouvelles à partir de fragments d’œuvres antiques. Puis, très vite, on lui demande de créer ses propres compositions, généralement des œuvres en marbre polychrome, et les clients arrivent de partout pour le solliciter. Tant et si bien que l’académie de Saint-Luc, une association placée sous l’égide papale pour distinguer les artistes émérites, lui offre une place dans ses rangs aux côtés du Caravage et du Bernin, ce qui n’est pas rien ! Mais ce n’est pas tout ! Il est élevé au titre de Virtuose dans la Congrégation des Virtuoses du Panthéon, une institution papale regroupant les cinquante plus grands artistes mondiaux (toutes catégories confondues) parvenus au sommet de leur art.

Comment s’étonner ensuite que des mécènes de tous bords, des cardinaux et des papes se bousculent pour le rencontrer et lui commander des œuvres ? Que certains, comme Clément VIII et Paul V, passent même des heures assis dans son atelier, rien que pour le voir travailler ? Même Alexandre de Médicis et Scipion Borghèse font partie de ses fans. Car en n’en pas douter, à notre époque, Nicolas aurait eu un statut de rock star. Malheureusement, comme toutes les stars et quelle que soit l’époque, il faut savoir gérer la célébrité sans se brûler les ailes, et Nicolas a beau souhaiter avoir une vie simple aux côtés de son épouse, il ne sait pas dire non à un prestigieux mécène qui lui apporte une commande.

Très vite rattrapé par le surmenage et les ulcères à l’estomac, tant il a du mal à finir dans les temps, il dépérit malgré les mises en garde de ses amis et finit par mourir d’épuisement en 1612, à l’âge de 47 ans. Une foule immense suivra son cercueil lors de ses obsèques et les plus grands noms des arts et de l’Eglise y assisteront. Et puis, après quelques années, Nicolas tombe dans l’oubli. Rares aujourd’hui sont ceux qui le connaissent, encore plus rares les spécialistes qui le citent. Et pourtant, vous avez peut-être admiré son travail de restaurateur sans le savoir, si vous êtes allé au Louvre. Les Trois Grâces que vous pouvez y admirer doivent tout à ce sculpteur, même si c’est le nom du cardinal Borghèse qui est mis en avant.

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Et si vous vous rendez prochainement à Rome, vous pourrez découvrir ses œuvres dans un grand nombre de basiliques

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            David                       Aaron             Sainte-Sylvie         Saint-Pierre

Nicolas s’est tout de même permis un petit rappel de sa véritable nationalité en sculptant la statue d’un roi de France, Henri IV. L’original se trouve à Latran, mais on peut en voir une copie à Charenton-sous-le-pont, en France.

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                          Latran                                             Charenton

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