Des noms de métiers
Disons-le sans ambages, sans jambages et même sans emballage, on trouve autant de noms de métiers que l’on compte de métiers. Heureusement, dites ! Sinon, nous trouverions, selon le cas, des professions exercées que l’on ne saurait comment nommer et on dirait que l’on va, par exemple, voir le monsieur qui nettoie un peu tout, en l’appelant au hasard cureur, curiste, curieux, voire curare, ce qui frise l’incorrection et l’effronterie. Et pour peu qu’il nettoie des épis qui poussent au choix dans les champs ou sur la tête, on le nommerait épicurien, curieux, non ?
À l’inverse, on trouverait des noms de métiers qui n’existent pas ou n’auraient pas existé. Si, par chance, le mot même était assez explicite, on pourrait tenter de deviner le métier s’y rapportant. Mais voilà qui ne servirait strictement à rien, vu l’inexistence de la profession ! Faudrait-il alors la créer pour donner une bonne raison d’être au mot qui lui serait destiné ? Inventer une profession, rien de plus beau, de plus louable.
Ceci dit une fois pour toutes, il faut remarquer que les mots désignant l’ensemble des professions s’articulent autour de quelques suffixes fixes :
Quelques exemples
Il y a :
- rien, très rare et inusité depuis que les gros bateaux ont été dotés de moyens de propulsion élaborés, comme galérien. Mais ce n’était pas une profession
- cien, comme praticien, pharmacien et non pharmasseur (comme un kiné de phare) ou pharmaciste, pharmacolologiste. Il y a bien aussi académicien, mais ce n’est pas une profession, car de toute façon, on est déjà depuis longtemps retraité quand on est immortel !
- iste, comme cariste, artiste (ah oui, j’oubliais que c’est pas un métier !), éclairagiste. Déboulent ensuite les noms à rallonge : orthophoniste, oto-rhino-laryngologiste (qui renseigne vraiment bien sur la qualification exercée, à moins de commettre quelques erreurs fatales : le monsieur ou la dame répare les voitures dans lesquelles on transporte des rhinocéros !). Ceci dit, mieux vaut être un garagiste qu’un garageur auquel on hésitera à confier sa voiture ! Et que dire de fumiste, profession honorable et répandue, jouissant, si l’on peut dire, d’une peu reluisante réputation autrefois répandue en milieu scolaire, sans parler d’un autre vocable proche qui n’est en rien un métier.
- ier et er (eh ! eh !), comme routier et non routeur, pompier et non pompeur ni pompiste, policier et non policeur qui rend lisse et non qui donne l’heure, boulanger et non boulangiste (quelle histoire !), papetier et non papeteur, ouvrier à ne pas confondre avec ouvreur, gazier et non gazeur qui n’a jamais été une profession, même macabre.
- eur, comme cardeur, chômeur (excusez-moi !), porteur et non portier. Et secoureur, dites ! Pas secoueur, mais secouriste. De toute façon, c’est quelqu’un qui va vite. Attention ! Il faut dire imprimeur et non imprimaire, bien antérieur à l’invention des caractères mobiles et à Gutemberg qui faisait des fixations avec ses caractères mobiles.
- aire, comme vétérinaire, antiquaire (et pas forcément pro-tisémite), libraire (et non librerreur).
- Vient ensuite la liste des mots en iatre : gériatre, psychiatre, acariâtre (qui combat les acariens, bien entendu !)
- Les mots terminés par ure qui n’ont rien de décoratif pour autant : pédicure, manucure. On trouve dans ceux-ci le souci de curer, de rentrer dans l’ordre. C’est toute une vocation. Peut-être pour cela que ces professions sont rares. Mais je plaisante.
- En avant-dernier lieu, nous trouvons les mots en peute (psychothérapeute), pathe (ostéopathe) et en er, dérivés de l’anglais (docker, manager, trader).
- Enfin, nous clorons ce propos avec des noms de professions ne se rangeant dans aucune des catégories ci-dessus citées : maçon, croque-mort, tisserand, petite main, architecte, chef, sage-femme, maton, peintre, garde-chiourme, bourreau, homme-sandwich, assistant, coach, homme-orchestre, homme-sandwich ; agent, représentant, gendarme, chauffeur de salle, mannequin, hôtesse, sténographe, détective, comptable et non conteur et j’en passe…
Pour la bonne bouche, je vous confie la profession de marcaire exercée dans les Vosges uniquement… N’en faites pas un fromage.
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