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Par Pierre LEFÈVRE

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Les fusillés de la "Fédération" à Bar-le-Duc

En août 1944, on sent bien que la libération est proche ! Les alliés avancent très vite ! La 3e Armée du général Patton fonce vers la Meuse et la Lorraine.
Ici, à Bar-le-Duc, comme partout en Meuse, les gens sont partagés entre 2 sentiments : la joie de voir les libérateurs, mais aussi la peur des combats. Les Résistants craignent également pour leurs camarades emprisonnés.
Les nazis ont déjà fusillé certains des leurs à Behonne le 4 mars 1944 : c’étaient des résistants du BOA (Bureau Opérations Aériennes) arrêtés dans le secteur de Verdun ; de plus, au même endroit, ils ont fusillé Charles Serano le 30 mai. Ils ont recommencé à Combles-en-Barrois quelques jours avant notre triste anniversaire : c’était le 23 août et il s’agissait de sept jeunes gens venus du maquis de Boureuilles dans l’Argonne.

Le 25 août, les FFI de Bar craignent pour la vie de leurs camarades : ils réalisent deux audacieux coups de main contre la prison de Bar-le-Duc et libèrent 42 détenus !

Et, il est normal d’avoir peur ; en effet, ici, à Bar-le-Duc, le 28 août 1944, 5 jeunes gens, arrêtés en juin et juillet, sont extraits de la prison allemande.
Emmenés au lieu-dit de la Fédération, ici même, ils sont fusillés, disons plutôt froidement abattus, sans qu’aucun jugement n’ait été prononcé.

Ils étaient cinq :

Robert Lhuerre était né le 5 août 1921 au Gabon ; il vivait chez son oncle au 66 rue du Four ; il a été arrêté le 8 juin 1944 à Bar-le-Duc, car il appartenait à une organisation de Résistance spécialisée dans l’aide aux aviateurs alliés abattus. Il a ainsi fait passer plusieurs Anglais en Champagne.

Constantin Maskaloff né le 23 septembre 1924 à Sébastopol en URSS était un ancien PG soviétique évadé de la mine de fer où il avait été transféré. Il a peut-être été caché par Charles Lucion ensuite déporté. Il a été arrêté le 27 juillet 1944 à Bar-le-Duc.

Jean Pornot, né à Bar-le-Duc, vivait chez ses parents au 30 rue des Romains ; il avait 19 ans lorsqu’il a été arrêté le 20 juin 1944.

Gilbert Voitier, né à Behonne, arrêté également le  20 juin 1944, avait seulement 17 ans. Il vivait chez sa mère au 13 rue du Port.

Henri Varinot, 18 ans, né à Ligny-en-Barrois, vivait chez ses parents 6, place de la Couronne, et a été arrêté le 28 juin 1944.

Ces trois derniers jeunes hommes étaient accusés d’avoir des armes et d’avoir attaqué des soldats allemands.

Robert avait écrit quelques mots à sa fiancée Anne-Marie (elle a reçu cette lettre le 24 août) :

Ma chérie, Quelques mots clandestins pour vous dire combien j’ai de peine d’être séparé, combien de temps cela va durer, je n’en sais rien. Je suis accusé de tout. Ils m’ont menacé d’être fusillé. Vont-ils tenir parole ?

Eh, oui, ils ont tenu parole…
Et d’autres nazis vont encore recommencer le lendemain dans la vallée de la Saulx toute proche : la 3e Panzer-grenadier va assassiner 86 personnes et également 6 jeunes hommes à Naives-devant-Bar.
Près de Verdun, devant le tunnel de Tavannes, ils vont abattre 16 Résistants.

Nous, les anciens Résistants et Déportés, nous leurs enfants, leurs neveux, leurs nièces, nous qui les représentons aujourd’hui, nous tenons à leur rendre hommage et à continuer à perpétuer leur souvenir afin que ces horreurs ne recommencent pas.
Et nous rendons hommage aussi à ceux qui nous protègent aujourd’hui face aux menaces de terroristes qui parfois sèment la mort chez nous ou dans les rangs de nos soldats qui montent la garde en France, en Afrique ou en Asie.

La paix n’est pas seulement un mot qui fait bien dans un discours. Elle est l’œuvre des hommes, de vous, de nous tous.

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