Hannequin nelly10 humour toujours2024

Par Nel HENNO

 

Feuilleton de l'été 

1re partie

Je suis posée devant ma télévision à regarder le Tour de France. Ce n'est pas que cela me passionne, je ne déteste pas non plus, mais aujourd'hui je n'ai pas de courage. Pas envie de me bouger, pas motivée pour bosser, grosse crise de flémingite aiguë certainement. J'ai zappé et je me suis arrêtée sur une étape.
Je me rends compte que je suis plus attentive aux paysages qu'à la course. Je me fiche royalement de savoir qui arrivera le premier. Il y a de jolies prises de vue et mes pensées s'évadent vers ces beaux coins de France.
Et si je faisais le tour de mon pays, moi aussi. Il y a tellement de choses à voir, à découvrir, de lieux pittoresques à dénicher. Mais je réalise soudain que mon idée est d'une banalité déconcertante, il faudrait pimenter un peu le projet, trouver un thème original. Les images défilent sur l'écran, mais je n'y prête plus attention, trop occupée à chercher l'inspiration qui rendrait cette excursion inoubliable. Je commence à avoir mal au crâne, mes trouvailles partent dans tous les sens, mais j'y renonce vite, soit c'est mauvais, soit c'est tellement farfelu que c'en est ridicule, voire pathétique.
Une fraction de seconde, mon regard capte une image sur l'écran de télé, mais mon cerveau ne l'a pas enregistrée. Ça ne fait rien, c'était sûrement sans importance, et puis la course se termine. Mais cette image me trouble, je n'arrive plus à réfléchir et ça me tarabuste d'autant plus que je suis incapable de savoir de quoi il s'agit.
Agacée au plus haut point, je repasse la course en replay. Je mets en accéléré jusqu'au moment approximatif où j'ai décroché, puis je scrute les images. Ça me saoule, il n'y a rien, que de temps perdu, j'ai dû me tromper. J'ai le doigt sur le bouton "stop" lorsque je la vois, je mets sur pause, pas de doute, c'est ça qui a attiré mon attention, ce panneau, je ne peux pas me tromper, c'est impossible.
C'est décidé, quelques recherches à faire et je boucle mes valises. Il faudra que je prenne des notes tout au long de ma progression, je suis sûre que personne d'autre n'aura pensé à un tel parcours, et puis des photos à chaque étape, et... et... du calme ! Il vaut mieux tout planifier.
Les recherches n'ont pas été trop difficiles à faire. Trois jours après, le coffre de la voiture est chargé, mon plan de route à portée de main, ma copine est déjà assise côté passager, « il est hors de question que je loupe une aventure pareille ! » m'a-t-elle dit. Quelle gourde, pourquoi je lui en ai parlé ? En fait, je n'en ai pas eu besoin, elle est venue prendre un café et a vu mes notes, ça m'apprendra à ranger mes affaires.

2e partie
Ingénu(e)s et dépourvu(e)s d'humour s'abstenir

Nous sommes d'abord passées chez ma sœur, à Chamouilley (52), « pauvre bête » lui dis-je en voyant un matou efflanqué sur le trottoir, « il est à mes nouveaux voisins » me répond-elle, « ils habitaient Sexfontaine (52), c'est un chat coupé ». Nous avons pris un rafraîchissement, et après les embrassades, en route pour l'aventure.
En début d'après-midi, nous faisons une halte aux abords d'un charmant petit village pour pique-niquer. Ma copine émiette son pain, elle n'aime pas Les Croûtes (10), me dit-elle, ça commence bien ! Nous finissons notre sandwich et reprenons la voiture. Quelques heures plus tard, peu après avoir traversé une petite commune, ma copine renifle « C'est Trécon (51), je sais, je chiale pour rien ». C'est alors que les premières maisons de l'étape suivante apparaissent, que je m'aperçois que ma passagère est en Pleurs (08). « Continue» , me dit-elle, « on s'arrêtera au prochain village si tu veux bien, on pourra peut-être y dormir ».
Nous passons la nuit dans la voiture, pas d'hôtel, puis nous trouvons un coin au bord d'une rivière pour petit-déjeuner et nous rafraîchir. Étape suivante, nous sommes accueillies avec beaucoup de gentillesse, ma passagère pleurniche toujours, mais nous ne pouvons pas rester, « Pauvres (08) de vous » disent les habitants, « allez donc chez les voisins, vous y trouverez Vieux (02) et Soupirs (02), mais évitez d'aller plus au nord, il y a Lorgie (62) ».
Ma copine a pris la relève au volant et je me suis assoupie. Un coup de klaxon me réveille en sursaut : « On est où ? Il fait presque nuit ». « Bezons !(95) » me lance-t-elle. « T'inquiète, je suis sûre qu'on va trouver une chambre ». Elle avait raison, et c'est tôt et en pleine forme que nous poursuivons notre parcours. À peine avons-nous mis un pied dans La Tombe (77) que nous repartons,  sans savoir pourquoi, pas très à l'aise.
C'est calme dans la voiture, chacune de nous perdue dans ses pensées, c'est trop calme en fait, ma copine dit soudain  « Arrête-toi, j'ai une envie pressante ! » « Tu peux attendre un peu, on va arriver ». « Non, arrête-toi ! ». Je trouve à me garer à quelques dizaines de mètres du panneau qui nous indique notre destination, Chilleurs Aux Bois (45). Inutile de s'étendre là-dessus, n'est-ce pas ?
Le repas pris dans un restaurant, une fois n'est pas coutume, nous nous dirigeons vers l'objectif suivant. Notre discussion est brusquement interrompue, je fais un écart et j'évite de justesse le panneau à l'entrée du hameau, « il n'est pas le seul », me dit ma copine en me montrant l'inscription Bouc-Étourdi (91). Je ne relève pas.
Lorsque nous pénétrons Fourqueux (91), dans une banlieue, nous y faisons un passage éclair, trop pressées d'atteindre Plaisir (91) avant la nuit.
Le lendemain, notre feuille de route nous mène dans un charmant petit village, mais nous ne nous attardons pas, il y a comme une odeur particulière, nous semble-t-il. Nous sortons donc de Camembert (61) pour traverser, quelques heures plus tard, un village dans lequel nous ne nous éternisons pas, nous quittons Le Cercueil (61) pour nous diriger vers l'étape suivante. Ma copine voudrait la brûler, moi pas, dès que nous arrivons, elle prend La Mouche (50), nous filons donc vers Montchaton (50), très accueillant aussi, nous continuons.
À la tombée de la nuit, d'un commun accord, nous faisons enfin halte, il était temps, il ne reste qu'à trouver un hôtel sympa à Hébécrevon (50), je tombe de sommeil. Le lendemain, nous passons à côté de notre objectif, il était pourtant assez gros, c'est Ballots (53).Lors du passage dans la commune suivante, je lève le pied, un homme titube sur le trottoir et j'ai peur de le prendre sur le capot. Ouf ! Nous sortons de Bourré (41). Quelques kilomètres plus loin, nous hésitons à entrer dans une localité, Vatan (36) ne nous inspire pas au premier abord, mais nous sommes ravies de constater que cette bourgade est bien agréable. Et au suivant ! On a failli manquer à nouveau notre étape. Villeperdue (37) vaut pourtant le détour. On continue en espérant pouvoir nous reposer au prochain arrêt, mais voilà que la voiture tire sur la droite, nous parvenons non sans mal à changer la roue, le pneu est fichu, nous campons à Bouzillé (49) et demain il faudra trouver un garage.
C'est reparti ! Il fait chaud, trop chaud en arrivant à Corps-nuds (35), nous ne sommes pas très à l'aise, alors nous poursuivons notre chemin.
Dès les premières maisons, nous nous regardons, dubitatives, nous sommes arrivées à Plurien (22), ça vaut vraiment la peine d'y aller ? Ma foi, oui, on a bien fait de continuer, la visite est agréable.
Nous réussissons à atteindre La Trique (79) avant la nuit, qu'en penser ? Que du bien, sans aucun doute. Après une nuit blanche, que nous n'expliquons pas, nous voilà parties pour Sainte-Verge (79), que nous trouvons aisément, le ciel soit béni ! Nous en faisons le tour, puis, c'est parti pour Branlette (87), pas de temps à perdre, prochaine étape La Porcherie (87), je préfère poursuivre, mais lorsque nous approchons le village suivant, je m'aperçois que ma copine fait La Tronche (19).
Pour lui faire plaisir, nous poussons donc jusqu'à atteindre Les Lèches (24), mais elle boude toujours, alors je lui propose de nous reposer et de prendre un verre au prochain arrêt : La Conne (24) nous attend les bras ouverts. Nous décidons d'y passer la nuit.
Fraîches et disposes, nous constatons en milieu de matinée que Montéton (47) est tout petit, nous filons droit devant et préférons Moncuq (46), il y a plus à voir. L'étape suivante est très agréable, Belbèse (82) nous enchante, mais nous ne devons pas oublier Condom (32). Il est temps de penser à faire quelques achats. Ensuite, passage éclair à Saligos (65), trop pressées de visiter Saix (09). Petite pause-café et ma copine marchande pour prendre le volant jusqu'à Saint-Arnac (66), quelques photos et nous continuons vers Viols-Le-Fort (36), nous ne faisons que passer. Puis notre route nous mène à Deux-Verges (15). Quelle chance, il aurait été dommage de passer à côté ! On va chercher un coin tranquille pour se reposer, enfin, espérons que ce sera possible.
Tôt le lendemain, nous repartons, le village suivant me plaît beaucoup, mais nous ne pouvons perdre trop de temps, c'est Précieux (42), on continue.
Chassez le naturel, il revient au galop, ce n'est que trop vrai en ce qui concerne ma copine. À peine sommes-nous entrées dans la commune suivante qu'elle avise un grand gaillard dans la rue, elle se fait Chatte (38) pour tenter d'attirer son attention, en vain. La honte !!
Je trace jusqu'à l'étape suivante, c'est Bidon (07). Nous y faisons une halte de quelques minutes pour nous précipiter ensuite vers Glandage (26), à part quelques photos, il n'y a rien à y faire. Nous embarquons pour un petit coin qui nous charme assez pour décider d'y camper : Casanova (2B) nous accueille pour une nuit à la belle étoile. Retour sur le continent, la route en montagne après la traversée en bateau nous a courbaturées, Duranus (06) offre un joli point de vue, tout comme Le Fion (74) dans lequel nous pénétrons en début de soirée. Au petit matin, nous replions la tente pour entrer dans Anus (89), où nous nous accordons ensuite une pause-café de quelques minutes. Notre objectif suivant m’entraîne dans une douce rêverie, Bèze (21) est un village très attirant.
Ma copine s'est enrhumée, nous profitons de notre passage à Crotenay (39) pour chercher une pharmacie, mais nous n'en trouvons pas. Nous poursuivons jusqu'à Longcochon (39), en dépit des apparences,  trop petit pour qu'on puisse s'y attarder. En fin de journée, ma copine ne va pas mieux, nous achetons des médicaments et quelques vêtements un peu plus chauds à Froidcul (57), puis nous nous rendons à l'hôtel.
Et nous voilà revenues au bercail. La première commune bien de chez nous nous rend bien silencieuses : Consenvoye (55) est un beau village. Petit passage à Belleray (55), en terrain connu, et nous rentrons à la maison.
Très contentes de notre périple, nous étalons sur la table toutes nos notes et visionnons les photos de chaque étape, sur lesquelles nous avons fait des selfies à côté de la pancarte des communes visitées.
Je l'ai fait!!! Eh oui, je l'ai fait mon tour de France des communes aux noms insolites. Et pour compléter le tableau, dès que ma copine sera partie, je prends un billet d'avion pour finaliser mon circuit. Je sais, c'est très égoïste, mais je tiens à faire ces dernières étapes seule, après tout, c'est moi qui ai eu cette idée.
Je veux pénétrer Le Tampon (974), seule, puis finir en apothéose en allant me rafraîchir près du Pisse-En-L'Air (974).
Et la boucle sera bouclée.

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