Honoré de Balzac (1799-1850) fut à la fois écrivain, critique d’art et critique littéraire, journaliste et imprimeur. Ses projets ambitieux ont été contrariés par de nombreuses déconvenues qui ont fait de lui un homme criblé de dettes. Mais ce travailleur infatigable nous a laissé une œuvre colossale, dont 90 romans et nouvelles réunis sous le titre de La Comédie humaine.
Un train de vie au-dessus de ses moyens oblige Balzac à déménager à plusieurs reprises pour échapper à ses créanciers. C’est ainsi qu’il se réfugie à Passy en 1840 dans un appartement loué au nom de Madame de Breugnol, sa gouvernante. Il occupe quelques pièces aménagées dans l’annexe d’un hôtel particulier sur les coteaux surplombant la Seine. Il y vit jusqu’en 1847. C’est l’époque où sa production littéraire est la plus abondante. Une urbanisation croissante entraîne l’annexion du village par la ville de Paris en 1860 et en quelques années, Passy devient l’un des plus beaux quartiers de la capitale. En 1908 un homme de lettres, Louis Baudier de Royaumont, sauve la maison de la destruction pour en faire un musée. Cet appartement est le seul qui subsiste aujourd’hui de tous ceux qu’occupa Balzac à Paris. Avec son jardin, il témoigne de l’aspect des coteaux de Passy sous l’Ancien Régime et au XIXème siècle.
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La maison de Balzac |
Je me suis retrouvé dernièrement devant cette maison. Presque par hasard. Disposant de mon après-midi à l’issue d’un court séjour à Paris, j’avais décidé de faire à pied le trajet menant de la porte de Saint-Cloud à la gare de l’Est selon un itinéraire improvisé au fil de mes pas. En longeant la rive droite de la Seine près de la maison de la radio, mon regard s’est porté sur un panneau indiquant la direction de la maison de Balzac. Elle invitait à quitter l’avenue bruyante pour grimper là où se trouvaient autrefois des terrasses cultivées. Je suis ainsi arrivé au 47 de la rue Raynouard, l’adresse actuelle de la maison.
La visite du musée est gratuite, les photos sont autorisées. On peut le parcourir en une heure ou deux, mais on peut y flâner plus longtemps. Il rassemble des toiles acquises par Balzac, des bustes le représentant, des objets lui ayant appartenu, des manuscrits, des lettres, des éditions rares… On peut prolonger par une promenade dans le jardin, une consommation au café littéraire, un tour dans la boutique du musée, la consultation des collections conservées à la bibliothèque…
Quatre salles du musée ont particulièrement retenu mon attention.
La salle des « portraits » donne à réfléchir sur les divergences des critiques dont les écrivains peuvent faire l’objet de leur vivant, et sur ce que la postérité peut leur réserver :
« Je le rencontrai d’abord comme imprimeur. C’était un jeune homme très sale, très maigre, très bavard, s’embrouillant dans tout ce qu’il disait, et écumant en parlant parce que toutes ses dents d’en haut manquaient à sa bouche trop humide. » Alfred de Vigny (1797-1863).
« J’ai lu presque tout Balzac. Balzac est grand. Ses caractères sont des créations de l’intelligence universelle. Ils ne sont pas le fruit d’une époque : ce sont des milliers d’années de lutte qui ont créé une pareille profondeur dans l’âme d’un homme. » Dostoïevski (1821-1881).
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« Ils en ont dit » |
Le cabinet de travail, avec quelques objets excentriques que possédait l’écrivain, et surtout la petite table et le fauteuil où Balzac travaillait parfois jusqu’à 20 heures par jour. Il y a remanié l’ensemble de La Comédie humaine.
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Cabinet de travail |
Corrections sur
le bureau de Balzac |
Les murs et vitrines de la salle de la « Vieille Fille » témoignent du perfectionnisme de Balzac. Ils montrent comment l’écrivain travaillait ses textes. Le manuscrit était rédigé de manière assez fluide avec peu de ratures. Ensuite suivaient les épreuves, il y en eut 9 avant la première publication du roman La Vieille Fille (1836). Les rééditions de ses œuvres étaient ensuite retravaillées, jusqu’à 30 fois pour certaines pages de La Comédie humaine.
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Manuscrit de La Vieille Fille |
Corrections sur épreuves |
La salle des personnages de La Comédie humaine est remarquable par sa collection de gravures sur « bois de bout », plaques de bois taillées dans les extrémités des pièces de bois de manière à ce que la gravure soit perpendiculaire au fil du bois, contrairement aux planches découpées dans le sens du fil. Leur épaisseur correspondait à celle des caractères de plombs disposés un par un pour composer le texte. Le bois de bout supportait mieux le passage de la presse. Le fond a été peint en blanc pour mieux faire ressortir les plaques exposées dans les vitrines.
Outre ces gravures, la salle répertorie sur un long tableau près de mille personnages sur les 2500 que compte La Comédie humaine.
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Tableau+bois de bout personnages |
Vautrin |
Pour s’y rendre :
https://www.maisondebalzac.paris.fr/fr/planifier-votre-visite/informations-pratiques
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