Jean-Antoine LOUIS
On a souvent des surprises lorsqu’on voyage hors de la Meuse. On découvre que des personnages qui ont une certaine renommée dans d’autres régions voire dans des pays étrangers sont tout simplement des petits gars nés en Meuse. Je vous ai parlé de ce brave Oudinot (pas le maréchal, son frère) qui a une avenue à Funchal (capitale de Madère), de ce modeste Jean-Baptiste François connu surtout en Champagne pour avoir sauvé la boisson du même nom ou de Jean Paché dont une rue qui borde le cimetière du Père-Lachaise atteste qu’il fut le premier maire de Paris. Jean-Antoine Louis, lui, est honoré en Alsace. On l’a même surnommé Louis du Bas-Rhin. Il n’empêche… il était tout de même meusien !
Jean-Antoine naît en 1742 à Bar-le-Duc. Son père est notaire et après de solides études, il entre comme fonctionnaire municipal à Strasbourg, avec le titre d’employé à l’intendance d’Alsace où il gravit petit à petit les échelons. Il a déjà 47 ans lorsqu’éclate le Révolution et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est séduit par le vent de la nouveauté qui souffle sur la France. Il adhère très vite à la Société des amis de la Constitution en 1790, et lorsque la République est proclamée, il devient dans la foulée administrateur du département du Bas-Rhin puis membre du directoire du département. Il se fait élire député à la Convention en 1792 et va alors siéger à Paris, dans les rangs des Montagnards. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort sans appel et sans sursis. En 1793, il rentre en Alsace avec un autre collègue, Jean-Adam Pflieger pour une mission de quelques mois auprès de l’armée du Rhin. Il revient ensuite à Paris pour occuper le poste de secrétaire de la Convention avant d’être nommé président du Comité de Sûreté générale où il se montre plutôt bienveillant et compréhensif, ce qui n’est pas le cas de tout le monde en ces années 1793 et 1794 (il fait par exemple libérer des officiers de Neuf-Brisach que Saint-Just avait fait arrêter).
Signature de Louis du Bas-Rhin dans un document
du Comité de Salut Public du 10 Thermidor an II.
Il devient également président du Club des Jacobins de Paris puis de la Convention en 1794. Il fera voter un certain nombre de lois dont il est à l’origine, comme celle accordant la suspension de toutes créances et des actions civiles contre les défenseurs de la patrie, celle permettant de remettre en liberté provisoire les laboureurs et les moissonneurs, qui se trouvent détenus comme suspects, ou celle relative aux aveugles nécessiteux.
À la chute de Robespierre, il est relevé de ses fonctions, mais son attitude bienveillante pendant ses mandats lui évite d’être inquiété davantage. Il passe quelque temps dans le Nord pour se refaire une réputation avant de se présenter à nouveau comme député au Conseil des Cinq Cents. Il est élu en 1796, mais malheureusement pour lui, il succombe juste avant l’ouverture de la première séance.
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