Les Romains en Meuse
Noël 2021, mes enfants m’offrent un livre sur César et l’occupation romaine de la Gaule, histoire passionnante pour le passionné que je suis. Il me vient à l’idée de vous faire part d’une synthèse sur l’occupation romaine en Meuse.
Un siècle avant la naissance du Christ, les Romains deviennent les maîtres du monde, enfin de celui connu à cette époque. Ils s’établissent en Asie-Mineure, en Afrique, en Espagne et il ne leur reste plus qu’à conquérir une grande partie de l’Europe, La Gaule et la Germanie.
Jules César, ce grand chef militaire se charge de cette conquête. Ses troupes rencontrent les vaillants guerriers celtes à Gergovie puis à Alésia ou leur grand chef celte, Vercingétorix battu, lui remet son épée en guise de soumission.
Nous sommes en l’an 52 avant J.C. La Gaule devient romaine et la colonisation contrainte, mais intelligente se met en place d’une façon paisible. Aucune rébellion, bien au contraire ! Ces Celtes devenus coopératifs ont plus à y gagner qu’à y perdre. Les Romains apportent leur savoir-faire tant dans l’art, l’industrie, l’éducation, le développement économique, la construction de cités, d’infrastructures portuaires, (Massalia), d’aqueducs (pont du Gard), et de voies routières dites romaines.
Concernant notre département, ces constructions apportent le modernisme à nos tribus celtes, les Médiomatriques au Nord meusien et les Leuques au sud, alors devenus gallo-romains. Concernant les voies de communication, la Meuse est traversée de part en part par un réseau routier assez conséquent, venant de Reims, deux voies principales traversent notre département, une reliant Metz (Divodurum) en passant par Brabant-en-Argonne - Dombasle-en-Argonne – Verdun (Vérodunum) et Manheulles. La seconde reliant Toul (Tullum) par Laimont-, Fains, Bar-le-Duc (Caturiges), Naix-aux-Forges (Nasium). Puis un réseau secondaire dit inférieur, formé de plusieurs voies dont l’une venant de Lyon, reliant Trèves passant par Naix, Saint-Amand, Boviolles, Vaux-la-Petite, Vaux-la-Grande, Lérouville, pour couper la Woëvre entre Woinville et Varnéville. Puis une autre venant de Troyes reliant Toul, passant par Reffroy, Vaucouleurs, Chalaines, Rigny-Saint-Martin, Blénod-lès-Toul. Une voie traverse la Meuse du nord vers le sud en longeant le fleuve éponyme : Mouzon – Verdun – Saint-Mihiel – Soulosse – Neufchâteau.
Toutes ces localités conservent des traces de cette époque. Des vestiges sont découverts et mis à jour. Des archéologues sont dépêchés lors de travaux de fouilles, de réfections de chemins, de routes, de constructions urbaines. C’est ainsi qu’au nord du village de Fains, sur une hauteur sont découvertes des armures, des médailles, des pierres tumulaires du temps de Septime Sévère (an 206 de notre ère). Ces vestiges proviennent probablement d’un camp romain installé sur les hauteurs pour surveiller et sécuriser tout ce secteur. Dans une boucle de la Meuse au sud de Saint-Mihiel, sont mis en évidence des vestiges sur une colline occupée à ce jour par le fort du camp des Romains, un ancien oppidum dont un passage souterrain relie le fleuve en passant sous la route actuelle. Dans d’autres localités, sont retrouvés également des vestiges, c’est le cas en 1974 à Chalaines (village de mon enfance) lors de la rénovation de la petite route départementale menant à Sepvigny, au cours de laquelle on découvre des morceaux de tuiles, des pièces de monnaie en bronze, vestiges d’une construction sur les hauteurs dominant ce village, au lieu-dit château Philippe. Sont découverts également des tessons de poterie, des boucles de ceinturons, ce qui atteste la présence d’un camp à cet endroit. D’autres découvertes ont lieu, notamment celles sur le mont Saint-Germain au pied duquel, s’étale le village de Lion-devant-Dun, où les Romains avaient établi un camp. Des antiquités, médailles, armures, tombeaux emplis d’ossements en témoignent. Cette position stratégique permet de supposer que les Romains édifiaient des postes de guet ou des retranchements sur les hauteurs.
Mais le plus remarquable est la présence romaine à Naix (Nasium), qui mérite bien son nom de capitale de la région occupée par ce peuple civilisé et cultivé pour cette époque. C’est la cité la plus riche et la plus peuplée de la région. Elle occupe un vaste territoire s’étendant dans la plaine, mais également sur les collines environnantes. Elle est protégée à l’est par un camp retranché pouvant accueillir deux légions soit environ 10.000 soldats bien équipés et armés. Cette cité possède un temple dédié à Jupiter avec des autels consacrés à Mercure, à Minerve et à d’autres divinités païennes. Des thermes, des aqueducs, un cirque pour les loisirs, des colonnades, des statues d’or et de marbre attestent la marque et l’emprise romaine sur notre territoire. Hélas, cette belle cité, d’après les fouilles, a subi un cataclysme. En effet, parmi les ruines et autres objets, sont découvertes des nappes de cendres et de charbon profondément enfouies, ce qui laisse supposer que cette cité a été assaillie par des barbares lors des premières invasions entre 350 à 400 ans après J.C.
Concernant les voies fluviales, la Meuse ne semble pas avoir joué un rôle important dans les échanges commerciaux. En amont de Saint-Mihiel, bien au sud dans le territoire des Lingons, le fleuve n’a pas suscité de constructions de localités importantes susceptibles d’avoir profité du commerce fluvial. Dans la partie en aval, il en est de même. De grandes agglomérations sont construites à plusieurs kilomètres de ses rives. À cette époque, la Meuse ne semble pas être attractive pour le grand commerce, sauf pour les échanges entre les communes secondaires traversées. Les grands échanges commerciaux s’effectuent par la Moselle à l’Est et par la Marne à l’Ouest. Nasium, établi au bord de l’Ornain, affluent de la Marne, en tire un profit certain. Ce n’est que plus tard, lorsque Verdun se développe, que le couloir meusien nord-sud grâce au fleuve permet un essor commercial et industriel.
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