Ma Mémère disait souvent : mes aïeux, on ne voit pas le temps passer
Là, en l’occurrence, on parle bien de trente-cinq années
Je me souviens encore de ce vendredi, en ce jour de vingt-deux mai
D’un cri, déjà, au travers de la porte, que j’ai deviné sans hésiter
Je n’évoquerai pas ici une larme qui aurait de mon œil, perlé
Peut-être de la sueur ; quelle chaleur, dans cette pièce il faisait
Mais je peux, sans sourciller, vous faire part de cette belle fierté
Vite, vite, j’ai hâte, à toute la contrée, au royaume, de l’annoncer
Et puis après quelques nuits, si peu, on dira cinq années, bien agitées
Et tous ces premiers : premier sourire, premier pas, première dent de lait
Et premières colères : faim, soif et solitude, quelles calamités vous me direz
Piles, mains de poupées, carton, papier, plastique, tout était bon à manger
Et comme le disait Mémère qui, bien sûr, avait bien raison, le temps a passé
Maternelle, primaire, collège, lycée : ça y est, une belle carrière est lancée
Un petit frère, une petite sœur sont arrivés, un chéri, à la porte est venu frapper
Et un diamant pur, dans son écrin est arrivé, pour une vie encore plus illuminée
Nous étions en mai, trois décennies et demie, un bail quoi ! Hein Mémé !
Mitterrand était bien installé. Puis quatre autres ont suivi :
Entre temps, un mur est tombé, un bloc à l’est, s’est fissuré
Et Mandela a pu, enfin, goûter à une liberté retrouvée et bien méritée
Un lion roi est apparu, un bateau a recoulé, une princesse s’en est allée
Mère Teresa, fatiguée, lassée, usée, a alors voulu l’accompagner
Faute de quelques-uns et d’une centrale, à l’est, des milliers d’empoisonnés
Et une vague, au Japon, a emporté des gens par centaines, par milliers
Donc, tu te doutes qu’en ce jour de mai, trente-cinq ans après
Entourée de ta famille, de tes amis, de ton chéri, de ton écrin doré
Alors que tu nous permets, en toute sincérité et avec amour, de te souhaiter
Un bel et heureux anniversaire. Plein d’amour, de tendresse et de baisers.
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