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Ce mois-ci, Laurent CASSAGNE

2020-11-Cassagne

Biographie

Laurent a été l'auteur non meusien invité de PLUME en novembre 2020. Pour retrouver sa page biographique et bibliographique, suivez ce lien...


Ecriture

Une plume dans la brume
(Extrait)

C’est une histoire non pas d’outre-mer,
Mais celle d’un conte d’enfant maigre,
Issue non pas d’une plume amère
Mais d’une encre allègre.

Est-il né dans le prix indélébile du silence ?
Dans la magie des arbres en semence,
Porteur d’un message empreint de sens,
Une floraison de liberté naquit à contre-sens.

Isolé dans une divine cabane,
Emporté au son de la sardane,
Il a chaviré avec la tramontane,
En partance dans une barque catalane.

En ce jour de pluie hideuse ou bienfaitrice,
Un arc-en-ciel surgit en vision salvatrice,
Sa violine peau en fit une œuvre observatrice
Sous le regard laiteux de sa mère protectrice.

Un bébé a souri au pardon aigre,
Un garçon a grandi solitaire,
Un homme a cru renaître,
Un lys royal a tenté de le reconnaître.

Les promesses des fleurs,
Les senteurs des peurs,
Les îlots des soupirs en sueur,
Illuminent la targette en pleur.

Les bâtisses de la réticence,
Les bleus du pardon intense,
Les rêves inventés à outrance,
Diamantent son humble clairvoyance.

Dans cette réflexion en éveil,
Rien n’est pareil,
Lorsqu’il sommeille
Dans son univers qui s’émerveille.

Le vent est si redoutable,
Le temps est si véritable,
Le moment lui est acceptable,
Le dénouement est inévitable.

Un oisillon est né dans les murmures d’une montagne,
Lui chantant une vie aimantée à la couleur champagne,
Tout en braillant dans les plumes de cette campagne,
Des mots de différence en lui l’accompagnent.

***

Montagne, aujourd’hui tu es toujours là !
Montagne, demain tu seras toujours là !

Pour nos lits de jasmin,
Pour ma vie sur ton chemin,
Pour avoir compris ce gamin,
Tu es mon amour divin.

Est-ce à moi à t’aimer ?
Est-ce à toi à m’inviter ?
Est-ce à moi à te suivre ?
Est-ce à toi d’attendre ?

Je dépose à la lune ma bohème
Face aux saisons de mon poème,
Montagne tu trônes comme un totem
Aux mille reflets de baptême.

Au vent, nos souffles ensemble,
Au vent, tu me conteras cette fable,
Au vent, tu seras une mer sans sable
Au vent, tu guideras mon pas instable.

Comme des amants indestructibles,
Mon sang ferme les fenêtres sensibles,
Comme un passager accessible
Mon âme poétise la nature de ta bible

Ma terre, n’oublie pas nos souvenirs !
Ma pierre, n’oublie pas mes soupirs !
Mon moineau, n’oublie pas mes désirs !
Mon oiseau, n’oublie pas nos plaisirs !

Regarde-moi ma montagne,
Regarde-moi de ta campagne
Regarde celui qui t’accompagne,
Regarde-nous face au chemin de Charlemagne !

Mais je t’aime tant avec mon violon du souvent,
Face à toi, tu es la pépite verte de mes printemps,
Mais je t’aime tant avec ton piano de talent,
Face à toi, mes secrets épouseront le temps.

Face à cette caresse de souvenirs, tu m’encenses,
Avec ta danse, je m’allonge dans une absence,
Face à toi, mon sommeil n’est que contre-sens,
Mais avec toi en éternel se réveillent mes sens.

Avec mes doigts en branche, je ne peux t’atteindre,
Avec ma plume en écorce, je ne veux plus m’éteindre,
Une galaxie de couleurs sur mon chemin à teindre,
Une coupelle d’amour en feu qui doit renaître.

Quand je rentre en ta vie,
Quand je m’isole dans tes plis,
Je suis sur une planète de buis,
Je suis sur une galaxie sans ennuis.

Nos virages de mains,
Nos mariages en satin,
Aux roses du passé je clame,
Aux roses du demain je sème.

Tel un flot, tu coules en ma vie,
Regarde nos glands de survie,
Je n'ai que ces mots d'amour ivre,
De nos rires de vie en livre.

Montagne, tu as couru contre mes sueurs,
Un jour, mes valises seront mes pleurs,
Alors chênes, pins, mimosas, lauriers, fleurs,
Papillons, hirondelles seront nos senteurs.

Regarde tes courbes de poétesse,
Regarde nos nuits de messe,
Regarde mes flammes de jeunesse,
Regarde dans mes yeux d’ivresse.

Face à moi, tu te dresses en grisant le temps,
Face à toi, je te dis que je n’ai plus le temps,
Face à cet émoi, je délaisse ces moments,
Face à ta voix, je me glisse en toi pour longtemps.

Ma montagne je dois fuir,
Ma montagne, je dois partir,
Ma montagne je désire te sentir,
Ma montagne, je dois t’anoblir.

Ne m'oublie pas toi en feuille de dentelle,
Ne m'oublie pas toi dame universelle,
Toi qui es si belle dans ta toile en voile,
Toi qui es si reine en cette terre d’étoile.

Regarde nous danser,
Regarde nous pleurer,
Regarde nous rire,
Regarde notre miracle sourire !

Regarde-moi ma montagne,
Regarde comme tu me soignes,
Regarde ma danse de cygnes

Regarde-moi ma montagne.

Si tes doux glands me font le sermon,
Si tes légères feuilles charment mes saisons,
Si les âmes des chênes sèment le pardon,

Je veux t’offrir ces poèmes à l’unisson.

D'où vient ton vent ?
D'où vient ce sifflement ?
Que dit cette magie du souvent ?
Que me dis-tu sur ma route pourtant ?

***

Mais la montagne en ce lieu l’abandonna,
Laissant un esprit qui gronda
Dans le jardin de l’embarras,
D’une prairie qui pria.

La porte fermée semble vouloir toucher le ciel,
Il marche tête basse vers un papillon endormi,
Sur ordre d’un sourire en larme d’une hirondelle,
Dans ce jardin d’union de pouvoir, il s’assit.

Si sa poésie coule de ce dernier rang,
Comme sa larme de sang,
Comme le calme de son étang,
Tout l’or du monde se trouve dans le néant.

(…)

C’est une histoire non pas d’outre-mer,
Mais celle d’une vie d’enfant en prière,
Issue non pas du parfum de la brume,
Mais de l’encre d’une plume.

Ecriture

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