NOIR

Depuis la mort du bébé, mort subite du nourrisson ont annoncé les médecins, Cédric n’était plus que l’ombre de son ombre. Le silence de l’appartement lui était devenu insupportable. 

Hier encore ou avant-hier… les nuits étaient ponctuées par les pleurs du petit qui réclamait sa tétée et puis… plus rien !... le silence…

De boîte en boîte, de bar en bar, il comblait ses nuits. Lors de ces quêtes nocturnes, l’alcool lui procurait un semblant de sérénité.
Au petit matin, ivre mort, l’œil souvent tuméfié, la tête vidée, il regagnait le domicile conjugal, sans jamais avoir trouvé l’apaisement. Il n’entrevoyait pas le bout du tunnel. Le sommeil ne venait plus et était remplacé par un état comateux.
Le matin, à grand renfort de café bien fort, il essayait de chasser les ombres du passé. Il cherchait l’oubli, mais ne rencontrait que la misère.

Et ce fut la chute dans les abysses. Le grand trou noir !

Aussi étrange que cela puisse paraître ce fut le noir (conjugué aux efforts et à l’amour de son épouse) qui le sauva ! La cure de sommeil fut salutaire !
Comme il s’en voulait de s’être laissé aspirer par la spirale de la douleur et de ne pas avoir été là pour Sabine ! Le chagrin avait mis en quarantaine son amour pour elle ! Il fallait qu’il se rattrape.

Après la pluie vient le beau temps !

Bébé arc-en-ciel, tu portes ton nom à merveille, tu as redonné de la couleur à leur vie.
Au panier le noir : les chaussettes, les chemises, les blousons, le pain et les idées !

La nuit, Cédric écoute ta respiration et n’a plus peur de l’obscurité, il a trouvé la sortie du tunnel, il a tout gommé et redessine l’avenir de sa petite famille. Le bonheur aussi sait occulter le malheur !