La manipulation

Nous savons que toute objectivité est quasi impossible à atteindre, toute chose étant considérée, traduite, interprétée et transmise à travers le filtre personnel de l’observateur. Ainsi, deux éléments apparemment semblables en tous points sont souvent fort différents, quand on cesse de les considérer en surface. Une même information, un même propos peuvent donc être traduits de multiples manières, en fonction de l’émetteur. La variété des nuances conduit tout naturellement à utiliser cette caractéristique de façon à la rendre efficace en bien des domaines.
Rien n’interdit donc de penser que la manipulation soit un outil né en même temps que l’être humain, qui a compris le parti à en tirer. On semble aujourd’hui l’oublier, mais elle est active dans de nombreux domaines.
De nos jours, on parle beaucoup de fake news, nouvelles mensongères, sans trop penser que ces dernières sont proches de la manipulation.
Mais en quoi consiste-t-elle ? Elle est une manœuvre destinée à tromper celle où celui qui la reçoit, en faussant, modifiant et dirigeant l’information, dans le double but de l’amener à modifier son opinion sur un point concerné et à détourner son attention pour le conduire à s’intéresser à d’autres choses, le tout consistant à modeler et modifier cette opinion de façon à la gagner à sa cause.
C’est donc une forme d’influence, mais qui ne dit pas son nom. En effet, il importe que celles et ceux qui sont l’objet de manipulations ne le sachent pas, ne puissent en être conscients. Car si tel est le cas, le manipulé a les moyens de réagir et de se soustraire à la manipulation.
De nos jours, compte tenu de situations présentant des enjeux importants en termes de contrôle et de suprématie dans de nombreux domaines, la manipulation est florissante, car elle va croissant avec des désirs de domination, d’hégémonie et de totalitarisme plus ou moins affichés. De plus, son utilisation est facilitée par le fait que d’importants progrès technologiques et de processus psychologiques permettent de mieux cibler et de mieux adapter le processus manipulatoire à la situation rencontrée.
Le monde de l’image semble constituer le terrain privilégié de la manipulation, car il rassemble le visuel, le sonore et le mouvement qui confèrent tous trois une vie, une crédibilité facile à appréhender.
En outre, la multiplicité des informations constitue une difficulté supplémentaire à se faire un avis forcément plus ou moins fragile sur un sujet précis, par le fait que viennent parfois s’ajouter des éléments contradictoires.
Il ne reste plus qu’à prendre du recul et relativiser. Garder au mieux son indépendance et sa liberté de penser qui peuvent préserver de toute aliénation, de toute récupération. Par les temps qui courent, ce n’est peut-être pas une précaution inutile.