En 1965, la peine de mort existe encore en France. Je m’y suis toujours opposée, dans mes écrits et mes paroles. Quand une association d’étudiants propose un concours ayant pour thème « la prison » (c’était le nom d’un club où on se réunissait pour boire, danser et discuter) je ne me sens guère inspirée, n’y ayant jamais séjourné, mais je pense à un condamné à mort attendant seul dans sa cellule le matin fatidique. Et je mise sur la forme du poème, rimes multiples qui se répondent, assonances, c’est un chant qui s’élève, un hymne à la liberté. Mon poème fut apprécié et couronné. Ce fut mon premier prix littéraire, une première reconnaissance qui me toucha beaucoup.
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Chanson d'un condamné à mort
Ce sont les fleurs qu’elle cueillit
Qui dans mon cœur pleurent ce soir
Et tristement privé d’espoir
Tout seul j’attends le paradis
Tout seul j’attends.
Lorsque viendra demain le temps
Où tout mourra dans ma cellule
Je n’aurai plus qu’un peu de tulle
Et l’eau perdue aux cils battants
Et l’eau perdue.
Alors rêvant d’étoiles nues
M’entraînant dans une autre ronde
Las de rester au creux du monde
Les fleurs fanées les yeux déçus
Les fleurs fanées
Oiseau d’un temps bien oublié
Fou n’emportant pour tout bagage
Qu’un peu de ciel et des nuages
Prenant mes ailes je m’en vais
Prenant mes ailes
Vole vers elle
LIBERTÉ !
26 janvier 1965
Prix littéraire « La prison »
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