Dans chaque Porte-Plume, Laurent propose sa photo du mois agrémentée d'une légende empruntée à des poètes qu'il affectionne particulièrement.
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En Brocéliande
Au milieu de la forêt du silence
Où même les feuilles sont muettes
Où jamais un oiseau ne vagabonde,
Elle joue sur un luth.
Avec des doigts pleins de délicatesse
Elle caresse les cordes d’or
Jusqu’au moment où les arbres se souviennent presque
Des ailes envolées depuis longtemps,
Et des chevaliers et des dames joyeuses,
Et de la musique qu’on jouait alors,
Et des jours de joie et de passion.
Ils ne retrouveront plus jamais toutes ces choses.
Un luth plaintif se souvient
Des citoles et des chalemies bruyantes,
Elle seule ne s’est pas dessaisie
De leurs belles et nobles formes.
Et si elle cessait de jouer,
Les gens au cœur de pierre,
La conduiraient hors de la forêt
Pour l’asseoir sur un trône.
Elle serait étincelante sous les bijoux,
Elle porterait haut la couronne,
Mais si elle quittait la forêt,
Hélas, les arbres en mourraient.
Au plus profond de la forêt du silence,
Où même les feuilles sont muettes,
Où jamais un oiseau ne vagabonde,
Elle joue sur un luth.
Thomas Wade Earp (1895-1958)
Critique d'art et écrivain
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