Un film, un spectacle, une exposition, un musée, une curiosité...
Brigitte MONCEY a vu pour vous...
GOGO de Pascal Plisson
Aller en classe pour la première fois de sa vie à plus de 90 ans, c’est le défi que s’est lancée Gogo. Dans son documentaire éponyme, le réalisateur de Sur le chemin de l’école, filme la leçon de courage de cette Kényane pas comme les autres.
SYNOPSIS
À 94 ans, Gogo intègre l'école de son village et devient la plus vieille écolière du monde. Mère de trois enfants, sage-femme depuis 75 ans, elle partage aujourd'hui les bancs de l'école avec des maîtresses et des élèves qu'elle a fait naître.
Encouragée par ses 54 arrière-petits-enfants et l’école tout entière, la doyenne des écolières se lance un défi : réussir son examen de fin de primaire et prouver qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre !
Gogo et son arrière-petite-fille en pleines révisions
Pascal PLISSON : un réalisateur passionné.
Cela fait des années que Pascal Plisson filme l’Afrique. Entre 1997 et 2007, il a réalisé de nombreux documentaires sur la nature de ce continent, pour des chaînes telles que Canal+, France 2, National Geographic et la BBC.
Sur grand écran, le réalisateur a notamment suivi des enfants des quatres coins du globe (Kenya, Maroc, Inde et Argentine) dans leurs périples quotidiens pour avoir accès à l’éducation. Le résultat : le film « Sur le chemin de l’école », qui a fait plus de 1,5 million d’entrées en 2013 avant de se voir couronné du César du Meilleur documentaire.
Le cinéaste revient avec un long-métrage abordant à nouveau le thème de l’éducation dans le monde : «Gogo ». Cette fois, ce n’est cependant plus à des enfants qu’il donne la parole mais à une sage-femme de 94 ans : Priscilha Sitienei dit Gogo, qui vit dans une partie reculée du Kenya. Elle est devenue la plus vieille écolière du monde.
Gogo et Pascal Plisson sur le tournage
“Gogo n’est pas allée à l’école par hasard. Il y a cinq ans, elle s’est rendu compte que ses propres arrière-petites-filles n’étaient pas scolarisées, parce qu’au Kenya on s’occupe plutôt d’éduquer les garçons, et ça l’a indignée. 'Puisque c’est comme ça, a-t-elle dit, je vais vous emmener avec moi'", raconte le réalisateur.
Et d’expliquer : “Elle a intégré l’école de Ndalat, à quelques kilomètres de chez elle, avec six de ses arrière-petites-filles. Elle a dû batailler pour convaincre le directeur de l’école de l’accepter. Elle avait essuyé beaucoup de refus. Personne ne croyait à sa volonté d’apprendre à lire et à écrire.” Et pourtant, Gogo a pendant plusieurs années, étudié avec assiduité auprès de ses jeunes camarades de classe.
Quand Pascal Plisson a posé ses caméras dans sa salle de classe en 2018, Gogo était en CM2. Mais en plus de sa soif d’apprendre, cette femme née en 1923 qui avait été interdite d’école dans sa jeunesse s’était donné une autre mission à travers son défi : "Je veux dire à tous les enfants du monde, surtout les filles, que l’école sera votre force, votre richesse, alors foncez. Moi, je prie Dieu qu’il me laisse terminer mes études, même si j’ai cent ans le jour de mon certificat."
Un message qui, on l’espère, pourra atteindre le plus de jeunes possible grâce à ce documentaire. “Gogo ne savait pas ce qu’était un film mais elle était d’accord dans la mesure où il pouvait servir d’exemple et convaincre d’autres petites filles d’aller à l’école. Car Gogo veut convaincre tous les parents de scolariser leurs filles. Elle a beaucoup battu la campagne pour cette mission”, rappelle Pascal Plisson.
Mon ressenti
UN FILM TOUCHANT. Gogo ne manque pas d’humour. On prend plaisir à suivre son parcours. Écolière nonagénaire au milieu d’une classe d’enfants, elle doit travailler dur pour obtenir son certificat d’études. C’est une femme attachante et déterminée. On partage sa joie lors d’un voyage scolaire au Kenya dans la réserve nationale du Masai Mara, quand elle découvre les paysages époustouflants, les lions, éléphants, girafes… qui parcourent la savane. La conversation ou plutôt la discussion animée entre Gogo et le chef de chantier en charge de construire un nouveau dortoir pour filles démontre une nouvelle fois toute la pugnacité de la grand-mère. On retiendra également la bienveillance des autres élèves qui ne jugent jamais Gogo, mais aussi la douceur de son arrière-petite-fille, Shopkoech, qui l'aide dans ses devoirs. Ainsi que la justesse de l’institutrice qui, si elle fait tout pour que son élève réussisse, n’hésite pas non plus à lui remonter les bretelles quand c’est nécessaire !
Un film documentaire tout en nuance, plein de tendresse. À voir absolument.