Au vent mauvais, disait-il,
Je m’en vais ainsi, fébrile
Sur les chemins enneigés,
Bravant les frimas abhorrés.
Parcourant les sentiers nappés
De cette blancheur immaculée,
Je m’enfonce dans mes travers
En quête du maudit trouvère.
Au loin, dans la furtive pénombre,
Je l’imagine dans sa pelisse sombre
M’invitant de ses mains ivoirines
À enlacer sa parure opaline.
Ô ! Bel hiver rigoureux,
Dans ton manteau mystérieux,
Je me blottis, te conjurant
De prendre soin de l’indigent.
J’appelle de mon cri effaré
Le néant, les cieux étoilés.
Venez me rasséréner !
Aidez-moi à conforter
Ma puérile et douce évasion
Issue d’un instant de compassion.
Ma mélancolie exacerbée
D’avoir abusé de la verte fée
Me laisse pantois, dans l’excès
D’un songe exaspéré.
Non, je n’ai pas vu le trouvère,
Tel un miséreux, je désespère.
Mon cœur si fragile est à la peine,
Désenchanté, je pleure Verlaine.
Vacillant, je chois et m’allonge
Sur cette saisissante blancheur.
Ému, je l’envie et je songe,
Cela suffit à mon bonheur.
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La froidure me pénètre,
Me glace et me réveille
De ce paradis artificiel
Conscient de ne plus être.
Ô ! Toi qui blesses mon cœur
D’une langueur monotone,
Tes violons devenus aphones
M’attristent, j’en ressens leur douleur.
Entends-tu tes fervents lecteurs ?
Clamer leur flamme, leur ferveur !
Toi, l’chérubin vénéré de Metz,
Disparu à jamais, tu me laisses
Seul, dans ma folie, dans l’ivresse
De mes tourments, de ma détresse.
Abjurons nos vices, nos maladresses.
Cessons ces penchants, ces bassesses
Viens me vaincre, chassons nos faiblesses,
Unissons nos âmes dans l’allégresse.
De cette nébuleuse, tu m’apparais
Telle une étoile, une félicité.
Jamais, je n’ai ressenti cette joie,
Tu renais fascinant, j’en suis coi.
Puis, ta main refroidie, prend la mienne
Endolorie, gourds, mes doigts l’étreignent.
Je me relève en me soutenant
À tes frêles épaules comme un enfant.
Non, jamais je ne serai Verlaine,
Ce Dieu féérique qui m’entraîne
Dans son monde hélas, inachevé
D’où s’envolent ses doucereuses pensées
Pour vous augurer une merveilleuse année.
Dès lors, nous entonnons un vieil air chantant
Et nous allons de nos pas chancelants
Souhaiter à nos ami(e)s un joyeux nouvel an.
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