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Par Daniel DUBOURG

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Le Père Noël

Depuis qu’il est né (et il n’est pas si vieux !), le vieux barbu à l’habit rouge a été accommodé à de nombreuses sauces. Entièrement né de Nicolas, le saint marchant avec son âne, car ayant été happé par la culture nord-américaine, il a connu et connaît une destinée bien différente. En effet, si le sauveur des trois bambins plongés dans la saumure s’en tient à son remarquable fait, notre éternel vieillard ne cesse de préparer des montagnes de cadeaux qu’il distribue, précurseur amazonien contre son gré, par voie aérienne écologique, vu l’absence d’émission de carbone de son traîneau. Chacune, chacun le sait : le père Noël est l’image de la bonté dénuée de calcul et d’une certaine abondance, lorsque vient la seule heure fatidique précédant le 25 décembre.

On sait tout aussi bien que le pourvoyeur céleste est l’objet d’un intense et florissant marché commercial qui semble éternel, tout comme lui, marché qui gomme allègrement la portée symbolique du présent, du don. Pour cette raison, déjà, il est snobé par certaines personnes qui n’apprécient pas les détournements, et aussi par ceux dont l’appartenance religieuse ou philosophique interdit toute fréquentation de ce genre. Chacun étant libre de son choix, il est hors de question de juger.

Un cadeau peut être fait en n’importe quelle époque de l’année. Pourtant, c‘est bien au moment de Noël qu’il est le plus fréquent, mérité ou non, désiré ou non. Les plus cool aiment le côté surprise, imprévu, découverte. Les plus déçus proposent à la vente leur cadeau malvenu, sans état d’âme, valeur marchande à l’appui. Pourtant, en ces jours de fin d’année, l’état de l’âme pourrait être vérifié, obtenir son contrôle technique.

Des philosophes du quotidien ont une position particulière : ne pas s’embarrasser de préjugés, saisir l’occasion pour faire la part belle à une sorte de providence laïque.
Ils disent que le merveilleux, c’est l’arrivée de bienfaits imprévus et imprévisibles, de tout petits riens capables de procurer d’immenses bonheurs tout simples à déguster finement et avec reconnaissance.
Ils disent que la providence a ce pouvoir de pourvoir à tout manque, au bon moment, à ce qui manque précisément à une personne précise, à seule fin qu’elle se trouve comblée, ceci pouvant bien correspondre à une demande inconsciente, non formulée.

Voilà qui nous renvoie peut-être à cette naïveté (naïve/native, donc originelle ?) qui nous permet de concevoir que tout peut advenir à un moment précis, et justement parce qu’il n’y a pas de demande programmée, donc non intentionnelle.

— Tu crois encore au père Noël ? vous diront, non sans une pointe de moquerie, ceux qui pensent que vous devez sans doute avoir tort de penser que la providence existe. La providence synonyme de hasard, ce hasard qui fait si bien les choses parfois, selon la maxime.

Alors rappelons-nous « Aux innocents, les mains pleines », propos à méditer par les temps qui courent, surtout quand c’est plus de poches que de mains dont il est question.

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