Oise, autrement !

Toutes les photos peuvent être agrandies d'un simple clic

C’est en camping-car que nous voyageons, au printemps ou à l’automne, par des chemins aventureux, le plus possible éloignés des métropoles, des grands axes routiers, des lieux surfréquentés, à la découverte des petites routes vertes, des villages perdus, des paysages et du patrimoine caché, à la rencontre des gens qui y vivent et savent le raconter.
L’aventure dans l’Oise ? Mais si ! On y est même retourné !

1. En passant par l’Aisne

En longeant le chemin des Dames, alors que nous cherchons fraîcheur et calme pour la soirée et la nuit, le petit village de Saint-Mard et son église du XIIe siècle, perchés sur leur promontoire surplombant la vallée de l’Aisne, nous tendent les bras. Sans hésiter, nous grimpons malgré les virages et l’étroitesse de la route jusqu’à la place du village, sous l’église. C’est un cul-de-sac d’où le regard embrasse la vallée ! Un passant nous souhaite la bienvenue, nous invite à entrer dans l’édifice religieux, nous raconte son histoire émaillée de destructions, notamment lors des conflits franco-allemands et nous conduit à contempler ses trésors dont sa Vierge à l’enfant polychrome en bois ! C’est Monsieur le Maire et il est passionné par son village !

Le lendemain, Fère-en-Tardenois, qui vit naître Camille Claudel, nous accueille : sa grand-place où nous passons la nuit, sa halle aux grains du 16e, campée sur ses piliers de pierre et de châtaigniers ancestraux, son château-fort du 12e, partiellement en ruines, entouré de forêt et flanqué d’une entrée corinthienne surprenante et d’un pont-galerie à étages dont les 5 arches enjambent des douves profondes. Nous nous y baladons longuement, charmés par la sérénité de ce cadre verdoyant.

Nous suivons ensuite le cours de la Savière qui serpente au milieu des coteaux boisés de la forêt de Retz. Tiens ! la carte indique un site par un triangle de 3 points ? Pourquoi ne pas faire le petit détour ? Hou, la route rétrécit, les virages s’intensifient ; on ralentit, mais on continue. À la sortie d’un tournant se dresse alors, improbable, majestueuse, la haute silhouette mystérieuse de l’abbaye cistercienne de Longpont, la carcasse des arcs-boutants et de l’ogive, la rosace béante qui laisse entrevoir de grands arbres et le parc qui l’entoure. Ensuite seulement on s’aperçoit qu’on est dans un minuscule et charmant village au cœur la forêt : quelques rues aux maisons anciennes, un hôtel et même une petite école desservie par un bus scolaire. L’abbaye fondée par Bernard de Clairvaux en 1131, autrefois importante, a subi bien des outrages et l’on reste ému par sa taille de cathédrale, sa beauté architecturale chargée d’histoire, sa situation complètement inattendue, surprise magnifique pour le promeneur curieux.

Au sud de la forêt de Compiègne

Dans la vallée de l’Automne (eh oui !), nous admirons Vez, pittoresque village rassemblé autour de son église du 13e et de son donjon féodal.
Morienval, sa voisine, s’accroche aux pentes d’un plateau calcaire avec son abbatiale bénédictine Notre-Dame fondée au IXe siècle, exemple de transition du style roman au style gothique.

Nous nous arrêtons à Pierrefonds, en lisière de la forêt compiégnoise, cité dont l’histoire mouvementée qui remonte bien avant les Gallo-Romains s’explique par sa situation stratégique importante pour le royaume de France. Au détour d’un sentier, on découvre la silhouette de son château renaissance restauré par Viollet le-Duc et orné de nombreuses tourelles et échauguettes. À ses pieds s’étire, dans un écrin de verdure, le long des eaux tranquilles du lac, l’ancienne station thermale. C’est un paysage de conte de fées, où l’on a tourné nombre de films de cape et d’épée.

2. Beauvais et sa région

Beauvais nous accueille sur une aire ombragée et calme réservée aux camping-cars, située au-delà du cours Thérain, sur les hauteurs, d’où la vue sur la ville et sa cathédrale est imprenable. La dénivellation est forte, mais un chemin piétonnier, aménagé en escaliers et passerelles de bois sous la fraîcheur des arbres, facilite l’accès au large pont qui mène au centre-ville. Bombardée en 1940, incendiée et presque entièrement reconstruite, Beauvais nous offre un centre-ville animé, des terrasses qui s’étalent autour de la statue de Jeanne Hachette, héroïne locale fêtée traditionnellement fin juin en grande pompe.

La ville garde malgré tout de belles traces de sa longue histoire. Le palais épiscopal, résidence des évêques comtes de Beauvais, abrite le musée de l’Oise MUDO. Le Quadrilatère, centre d’art moderne propose des expositions permanentes et temporaires. La manufacture nationale de tapisserie créée par Colbert travaille toujours pour le mobilier national.

Et surtout, la cathédrale Saint-Pierre élève gracieusement au-dessus de la ville ses dimensions prodigieuses, sa nef vertigineuse, sa silhouette blanche finement ciselée, sa façade en gothique flamboyant.

À l’intérieur, les vitraux et rosaces datant du XIe au XXe soulignent encore la hauteur impressionnante de l’édifice.

Une horloge médiévale à carillons, la plus ancienne en état de marche, côtoie la magnifique horloge astronomique, pièce maîtresse du mobilier de l’édifice.

Après l’agitation urbaine, le décor champêtre et rafraîchissant de la vallée du Thérain nous mène en sinuant au village fleuri de Gerberoy.

Ce plus beau village de France, site historique situé aux confins picard et normand était autrefois à la limite entre les royaumes de France et d’Angleterre.

Dans ses ruelles moyenâgeuses pavées, sur ses façades de torchis à colombages et ses hourdis de briques, un festival coloré et bucolique de fleurs et de roses magnifie les tours et les remparts, les jardins en terrasse.

Et l’on comprend l’engouement de Henri de Sidaner, peintre impressionniste qui y vécut, y invita ses amis Manet, Monet et Rodin, en fit le sujet de ses tableaux et y créa un jardin sur les ruines du château.

3. Autour de Chantilly

Nous dormons à Saint-Leu d’Esserent dans un camping aménagé dans une ancienne carrière, à l’écart, au milieu d’une végétation abondante, naturelle et sauvage, cadre original et insolite. La bourgade aux ruelles chargées d’histoire s’accroche au versant rocheux que contourne l’Oise. Les promenades sont nombreuses sur les berges et dans les parcs. Du haut de son promontoire, l’église et le prieuré du XIe surplombent la vallée.

Au cœur de la forêt de Chantilly, à Coye-la-forêt, nous partons à la recherche des étangs de Commelles, creusés par les moines de Chaalis, réserve naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique, balade qui nous emmène sur des lieux qui inspirèrent Chateaubriand et les écrivains romantiques.

Nous passons une journée à Asnières sur Oise, à la lisière du Val d’Oise, pour visiter l’abbaye de Royaumont, monastère cistercien d’importance construit sous l’égide de Saint Louis dont l’histoire couvre 8 siècles, pendant lesquels il devint filature, hôpital militaire et aujourd’hui lieu de création musicale et culturelle. Impression de paix, élégance du décor, tout est propice ici à l’inspiration des artistes comme à la sérénité des promeneurs.

Il subsiste de nombreux bâtiments cisterciens judicieusement restaurés, la flèche de l’église détruite à la révolution, des salles voûtées, un magnifique cloître, un palais abbatial.

Dans un jardin d’inspiration médiévale labellisé remarquable, des carrés en plessis de châtaignier accueillent des expositions thématiques de plantes renouvelées tous les 3 ans.

Dans le parc immense et verdoyant, les canaux et leurs déversoirs en escaliers gazouillants ajoutent à la quiétude du lieu.

Certes, l’Oise est riche de grands sites connus : parc Astérix, château de Chantilly, mer de sable d’Ermenonville et bien d’autres. Par les chemins de traverse, le camping-car nous conduit toujours en des endroits discrets, pépites insoupçonnées ravissant des curieux sensibles au privilège qui leur est accordé d’en découvrir l’accès.

Alors, à la prochaine !