Histoire de lavoirs
(Seconde et dernière partie)
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Le lavoir, domaine privilégié de la femme : un lieu social.
Le lavoir est le domaine privilégié de la femme. Pour lui rendre la tâche moins pénible, les conditions matérielles y sont améliorées. Des bancs en pierre ou en bois sont construits pour permettre aux lavandières de se reposer. Certains lavoirs sont dotés de cheminées pour y faire bouillir le linge ou même pour se réchauffer. Certains sont même dotés d’un cabinet d’aisance, soumis à la condition de propreté après chaque usage, ce qui n’est pas toujours le cas d’où des tensions entre utilisatrices. Certains sont dotés de bassins assez hauts afin que les lavandières puissent laver le linge debout, ce qui est plus confortable qu’à genoux. Cette dernière position s’avère être dans le temps pénible et usante pour les articulations. Certains sont pourvus de plusieurs bacs, lavage et rinçage et d’une arrivée d’eau permanente par manipulation de vannes. Ainsi l’écoulement favorise le rinçage en chassant l’eau savonneuse vers l’extérieur
C’est l’endroit qui convient le plus pour tisser un lien social entre femmes et ainsi créer un « couarail » au gré des évènements et autres confidences glanées dans le village. Toutes les discussions y sont abordées sans tabou. C’est aussi pour certaines, la possibilité d’étaler leur linge plus ou moins rutilant de façon à démontrer leur richesse. Pour d’autres, de faire part de leurs tourments de misère. Quelques-unes en profitent pour régler leurs comptes. Les jalousies et les ragots sont nombreux, comme disait ma Grand-mère, « ça ne radote pour rien », la mère ceci ou celle-là…se crêpent le chignon, parfois en viennent aux mains.
Aujourd’hui
L’époque de laver le linge au bord d’une rivière ou dans un lavoir est révolue. Enfant, dans les années 50 et 60, j’accompagnais souvent ma mère et ma grand-mère. Les souvenirs demeurent intacts. Je me souviens de la brouette poussée par ma mère, lourdement chargée de l’imposante lessiveuse dans laquelle le linge trempait dans l’eau bouillante, le savon de Marseille, ce gros cube à la fragrance si caractériqtique, les ustensiles utiles à la lavandière, la batte, la brosse de paille rigide, le caisson en bois appelé également baquet, nécessaire pour se protéger des éclaboussures et pour le confort des genoux.
À ce jour, l’eau ne chantonne plus lors de son écoulement dans les bacs. Ces derniers sont devenus secs, elle a disparu, volatilisée comme sous l’effet d’un ensorcèlement. Seul, ce léger tumulte résonne encore dans la tête de ces rares vieilles personnes qui ont connu cette époque.
Les lave-linge sont venus améliorer la condition féminine dès les années 50. Ainsi l’utilisation de ces infrastructures se retrouve rapidement désuète jusqu’à leur fermeture par décision municipale. Nombre de communes conservent ces bâtisses qui pour la plupart sont des œuvres architecturales. Elles sont transformées le plus souvent en salles communales et deviennent des lieux culturels. Elles se transforment parfois en habitations, c’est le cas pour le lavoir de mon village d’enfance à Chalaines. Certains lavoirs sont classés « monument historique », c’est le cas pour celui de Lacroix-sur-Meuse dont les sculptures représentent Neptune, Dieu de la mer et Amphitrite son épouse, Déesse de la mer (construction en 1846, classée en 1980), celui de Mauvages, inspiré du style néo-égyptienne (construction en 1831, classée en 1988), celui de Houdelaincourt, inspiré de la mythologie gréco-romaine (construction en 1831, classée en 1988).
Pour terminer ce retour en arrière sur ces infrastructures, je vous fais part d’un secret de fabrication de lessive. Certes, il y a la cendre, principal déchet organique nécessaire à la fabrication d’un savon, mais il y a aussi le secret de Grand-mère :
Les ingrédients
- Un demi-verre d’eau
- Un verre de suif de bœuf
- Deux cuillers à soupe de cristaux de soude
Processus
Immerger lentement les cristaux de soude préalablement chauffés, faire ramollir le suif. Mélanger et battre jusqu’à obtenir une crème homogène. Verser dans un récipient et couvrir (carton ou autre matériau). Démouler après une journée et laisser durcir durant deux à trois semaines.
En conclusion, dans l’attente des beaux jours pour visiter ces bâtisses qui méritent un détour, vous pouvez par curiosité essayer cette recette, histoire de vous plonger en ces temps révolus.
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