Poisson d’avril !
Tout le monde connaît cette coutume de faire des blagues – de plus ou moins mauvais goût – à l’occasion du 1er avril.
Par exemple, nous aurions pu essayer de vous faire croire que Marc Levy, Fred Vargas, Michel Houellebecq, Guillaume Musso et Amélie Nothomb avaient postulé pour intégrer PLUME, mais que le Conseil d’Administration leur avait refusé ce privilège, car aucune de ces « bêtes de l’édition » ne réside en Meuse… Vous auriez tous « marché », bien sûr !
Mais d’où sort cette tradition ?
Difficile d’y voir clair tant les sources sont nombreuses et parfois confuses.
L’origine des blagues faites au 1er avril remonte probablement au changement de datation opéré sous Charles IX, qui fait commencer l’année en janvier et plus en mars. En effet, jusqu’en 1564, l’année commence le 25 mars en France. Ce jour correspondant à la fête chrétienne de l’Annonciation, avec parfois des variations selon les régions. Une unification des calendriers se fait progressivement dans toute l’Europe et le chancelier Michel de l’Hospital, qui prépare l’édit de Roussillon, reprend la logique utilisée par l’empereur du Saint-Empire romain germanique, Charles Quint, et qui sera généralisée dans le reste du monde chrétien par le pape Grégoire XV en 1622, en faisant débuter l’année au premier jour de janvier.
Or, une tradition assez établie – héritée des usages à Rome, où on baptisait ces présents « étrennes », en l’honneur de la déesse Strena (voir édito de janvier 2020) – amenait les Français à se faire des cadeaux pour célébrer le passage de l’année, à la période du 25 mars au 1er avril. Et c’est elle qui sera maintenue, mais « pour rire ». On commence donc à s’offrir des cadeaux, qui deviendront peu à peu de faux présents, puis des canulars et des blagues pour marquer ce « faux » Nouvel an.
Dans d’autres pays d’Europe du Nord, comme l’Angleterre, le 1er avril est relié plus nettement à la tradition médiévale de la « fête des fous », le carnaval, qui se tenait à la fin de mars. On parle d’ailleurs en anglais d’april fool’s day (« jour des fous d’avril »).
Pourquoi le poisson ?
L’origine du « poisson d’avril » est plus controversée. Dans son Dictionnaire des proverbes et des locutions proverbiales de la langue française, paru en 1842, le grammairien Pierre-Marie Quitard tente de synthétiser diverses hypothèses :
- L’histoire du prince de Lorraine : une première serait qu’un prince de Lorraine, prisonnier dans le château de Nancy sur ordre de Louis XIII, se serait sauvé en traversant la Meurthe à la nage, un 1er avril.
- Le jour de pêche : la saison de pêche commençait au début d’avril, mais les poissons étaient alors peu nombreux et difficiles à attraper. Le « poisson d’avril » insaisissable serait donc une allusion « à la coutume d’attraper des gens simples et crédules en leur offrant un appât qui leur échappe comme le poisson, en avril, échappe aux pêcheurs ».
- Une allusion à Jésus : autre hypothèse, émise, selon Pierre-Marie Quitard, par le grammairien du XVIIe siècle Fleury de Bellingen : le poisson d’avril renverrait à la passion du Christ, et à son renvoi « d’Anne à Caïphe, de Caïphe à Pilate, de Pilate à Hérode, et d’Hérode à Pilate ». Les saynètes médiévales jouaient ce renvoi d’autorité en autorité, mais auraient remplacé la figure de Jésus par celle du poisson pour ne pas l’offenser, le poisson étant, par ailleurs un symbole utilisé par les premiers chrétiens.
Et en 2021 ?
Comme tout le monde, nous sommes victimes d’un poisson d’avril très désagréable, puisque cette fichue pandémie nous a contraints d’annuler nos salons « Plume d’hiver » à Saint-Mihiel, prévu le 27 mars et « Plume de printemps », programmé le 11 avril à Verdun…
Pendant cette année compliquée, les auteurs et les illustrateurs ont continué à produire et tout le monde est impatient de se retrouver, public et « artistes ». Alors on va faire comme si, car la vie finira bien par reprendre le dessus et PLUME prépare déjà ses prochaines manifestations :
Salon à Étain, le 6 juin 2021 et à Ligny-en-Barrois le 27 juin 2021, puis Plume d’automne à Bar-le-Duc le 17 octobre 2021…
Et il sera alors important que le public soit nombreux au rendez-vous, pour que les artistes contents pour rien ne deviennent pas des artistes comptant pour rien !
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