Figure du théâtre et du cinéma français, célèbre pour ses rôles d'anti-héros désabusés mais profondément humains, l'acteur et scénariste Jean-Pierre Bacri s'est éteint d'un cancer à l'âge de 69 ans.
Il est l'auteur de neuf scénarios écrits avec Agnès Jaoui dont cinq qu'elle réalise et dans lesquels il joue. Leur premier film « Le Goût des autres » est nommé à l'Oscar du meilleur film international en 2001 et « Comme une image » reçoit le Prix du scénario au Festival de Cannes 2004.
Au cinéma, il reçoit quatre fois le César du meilleur scénario original, remporte une fois le César du meilleur acteur dans un second rôle et est nommé six fois pour le César du meilleur acteur.
Au théâtre, il reçoit le Molière de l'auteur en 1992 pour « Cuisine et Dépendances » et le Molière du comédien en 2017 pour son rôle dans « Les Femmes savantes ».
Retour sur ses films les plus célèbres :
La Baule-les-Pins, 1990
Cuisine et dépendances, 1993
Un air de famille, 1996
Didier, 1997
On connaît la chanson, 1997
Kennedy et moi, 1999
Le goût des autres, 2000
Le sens de la fête, 2017
Grand froid, 2017
Photo de famille, 2018
Place publique, 2018
On aimait son air bougon et ses coups de gueule, son look de croque-mort et son sens de la repartie cinglante. Sa façon d’être, comme sa manière de jouer, revendiquaient le minimum de représentation et de séduction. Oui, il tirait la gueule dans les films comme dans la vie. En façade, par pudeur. Contestataire dans l’âme, vomissant la pensée unique, Jean-Pierre Bacri n’avait pas peur d’aller à rebrousse-poil et de dire :
« Je ne vois pas ce qui m’interdit d’être de gauche et d’avoir de l’argent, d’être féministe en étant un homme, de défendre le Maghrébin de service sous prétexte que je ne le suis pas. Ce communautarisme me débecte ».
Il n’a jamais cultivé le sourire gratuit. Par honnêteté.
« Pour aimer les autres, il faut s’aimer soi-même, mais pour s’aimer soi-même, il faut être aimé ».
L’acteur-scénariste va terriblement nous manquer. Car il connaissait si bien la chanson de la comédie humaine. Il était aussi artiste à revendiquer sa paresse, mais il ne cessa jamais de jouer, d’écrire.
Avec sa complice Agnès Jaoui, il a marqué les années 1990 et 2000 grâce à des scénarios jubilatoires qui interrogent sur la cruauté de la banale réalité de notre monde, de nos vies. Ils avaient un regard aiguisé sur le genre humain, le goût du verbe développé, défendant un bel esprit d’indépendance, traquant avec obstination les mesquineries qui plombent la vie. Ensemble, ils s’inspiraient pour traduire la condition humaine. La musique de leurs dialogues était une jubilation. Toujours grinçants, féroces, sans complaisance. Ensuite, ils ont œuvré à la réalisation. Cela permit de jolies rencontres croisées.
J’aime la plupart de ses films, mais il faut bien en choisir un, alors j’opte pour : Place Publique.
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