Jacques-Marie Onfray de Bréville dit JOB
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Certes on associe immédiatement ce pseudonyme à deux références qui n’ont rien à voir avec notre inconnu. Donc, éliminons sans tarder davantage le pauvre patriarche de l’Ancien Testament et le papier permettant de rouler des cigarettes. Notre inconnu n’est pas un industriel du tabac, et ne figure pas dans la bible… quoique… il aurait pu l’illustrer !
Jacques-Marie Gaston Onfray de Bréville naît à Bar-le-Duc en 1858. Il est le fils d’un substitut du procureur et sa mère appartient à la vieille noblesse.
Le jeune Jacques est attiré très jeune par le dessin et l’univers militaire. Il reproduit d’abord les uniformes, puis une fois à l’école primaire, réalise quelques scènes de batailles fameuses à son époque, comme la Prise de Chartres. Puis sa famille déménage à Paris où il poursuit sa scolarité au collège Stanislas. C’est dans ce collège que Jacques de Bréville trouve son pseudonyme en signant ses œuvres avec les initiales de son prénom usuel (Jacques) et de son nom de famille (Onfray et Bréville), ce qui donne JOB.
Son don extraordinaire pour le dessin semble le prédestiner aux Beaux-arts, mais son père s’y oppose de façon catégorique : ce sera l’armée et il n’y aura pas de discussion ! Jacques s’engage donc dans l’infanterie. Mais même s’il s’y sent à son aise, il n’y fait pas carrière et revient à la vie civile quelques années plus tard. N’ayant plus besoin de la permission paternelle, il peut enfin entrer à l’école des Beaux-arts. Il expose quelques toiles, mais devant l’accueil peu enthousiaste du public, il abandonne très vite la peinture pour revenir au dessin et devient illustrateur pour les journaux qui, à cette époque, n’ont que le dessin pour illustrer leurs articles. Il alterne caricatures et illustrations et travaille pour La caricature, La nouvelle Lune et même pour les Images d’Épinal. C’est lorsqu’il commence à réaliser des scènes fameuses de l’histoire de France pour Mon Journal qu’il est recruté par les éditeurs Plon et Delagrave qui désirent réaliser des albums historiques illustrés à destination d’une jeunesse dont on veut galvaniser le patriotisme. C’est alors le début d’une longue collaboration avec son ami Montorgueil qui signe les textes de nombreux albums comme le triptyque de France, son histoire (1896-1899) ou les monographies vouées à la stature des gloires nationales (Louis XI, Murat, Napoléon…).
Il faut reconnaître que pour les plus âgés d’entre nous qui ont connu les images Rossignol en classe, les illustrations de ces livres d’histoire réalisées par JOB sont des sortes de madeleines de Proust.
En 1894, il réalise l'album Les Gourmandises de Charlotte, fable féroce sur les méfaits de la gourmandise, un des premiers livres illustrés pour enfant incluant l’image dans le texte.
Bien que très pris par la réalisation de ses albums, il continuera à travailler pour des journaux français et collaborera également avec des revues britanniques et américaines comme Pick-me-Up à Londres ou Scribners Magazine à New York jusqu’à son décès en 1931 à Neuilly sur Seine.
Chose étonnante, ce n’est pas la Meuse, mais la Moselle qui a rendu le plus vibrant hommage à ce dessinateur lorrain si farouchement patriote. C’est sans doute parce que son crayon a servi la cause de l’Alsace-Lorraine plus que certains longs discours ! Vous pouvez donc vous rendre au musée de Metz pour découvrir une reconstitution de son atelier. Après tout ce n’est pas si loin, autant dire la porte à côté pour les Meusiens.
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