Synthèse du jury
VAGUE.
Un joli mot qui naît par une consonne fricative, dans un doux effleurement sous la lèvre, pour venir se briser et mourir en une vélaire plus brutale qu’ourle un pudique e muet, ultime frange d’écume bouillonnante ou lascive…
Une vague, un mot si féminin, si Femme.
Osons alors l’affubler d’un déterminant plus précis, pour la rendre unique, grouillante de toutes les forces vitales des autres.
LA vague ! Cette évocation entraîne des réactions et suscite des émotions bien différentes selon le public concerné.
La vague. Les amateurs de refrains, selon leur âge, naviguent au rythme d’une mélodie de Mouskouri, bercés par celle qui, née sur une plage d’Italie, voulait écrire ses mémoires dans le sable chaud de l'eau-delà, ou ils se laissent emporter par celle plus récente chantée par Izia Higelin, salvatrice et voluptueuse.
Les cinéphiles et les sportifs se pardonnent leurs différences devant Point Break Extrême Limite.
Les Big wave riders rêvent de retrouver l’attente presque méditative sur les spots, près de leur gun, guettant la formation et l’enroulement du tube.
Sans doute faut-il de tristes occasions - tsunami de Fukushima, cataclysme sur l’Indonésie et en particulier Sumatra - pour que se dresse dans nos mémoires, lumineuse dans son bleu de Prusse, mais si loin du champ de l’imaginaire artistique, La (grande) vague de l’estampe d’Hokusai.
LA vague, celle de la photo proposée aux jeunes auteurs, que l’enfant dompte déjà, les pieds ancrés sur le sable pour mieux affronter cette cataracte, n’a inspiré que trois élèves. Mais qu’ils soient très chaleureusement remerciés, eux et ceux qui, au sein du contexte sanitaire actuel, les ont incités à continuer d’écrire. Ils nous ont offert leurs mots chargés d’espoirs, d’angoisse et surtout d’optimisme. Les membres du jury et les initiateurs de ce concours tiennent également à adresser leur gratitude à tous ceux qui ont participé à la vie de cette rubrique dont la reprise dépendra de la mobilisation de nos relais et de la motivation des élèves.
Cette deuxième vague dont on parle tant, cet hypothétique raz-de-marée, mourra-t-il avant de se former ?
Quelle que soit la couleur du rivage, les trois derniers jeunes auteurs de cette saison qui se termine elle aussi un peu masquée nous ont invités à partager leur besoin de réécrire différemment les mots d’Eluard, avant qu’une mauvaise houle ne les efface…
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom…
LIBERTÉ
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