Nicolas-Joseph Cugnot
Ah, l’automobile… si chère et pourtant si indispensable ! Savez-vous que le prototype de véhicule automobile du monde fut présenté au Salon de l’Auto en 2010 ? Non, non, ne riez pas ! Ce véhicule a bel et bien été présenté en 2010, et il était flambant neuf ! D’accord, ce n’était qu’une copie du prototype… mais qui de vous savait que cet engin avait été mis au point il y a plus de deux siècles par un… Meusien ?
Nicolas Joseph Cugnot nait en 1725 à Void. Fils de paysans illettrés, il quitte le village sans sa famille lorsqu’il est enfant et réapparait en 1748 à Vienne (Autriche) avec un diplôme d’ingénieur militaire.
L’explication la plus plausible : À cette époque certaines familles engageaient des enfants pauvres, recommandés par les prêtres pour leur vive intelligence, afin qu’ils servent de compagnons de jeu à leurs propres enfants, et leur apportent une certaine émulation pour étudier. Par ce biais, ces enfants pauvres accédaient eux aussi à un haut niveau d’éducation et pouvaient ensuite prétendre à des postes intéressants. Lors de la cession de la Lorraine à Stanislas, de nombreuses familles de la petite noblesse lorraine s’exilèrent pour suivre l’ancien duc François de Lorraine devenu Empereur d’Autriche. Si Nicolas-Joseph a été recueilli par une de ces familles, il est possible qu’une fois devenu adulte, il ait choisi de s’engager dans l’armée autrichienne. |
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En 1748, donc, il est officier à Vienne et sert sous les ordres du Marquis de Gribeauval, un ingénieur militaire français mis à la disposition de l’Impératrice par Louis XV, quand celui-ci le présente au duc de Choiseul, ambassadeur à la Cour. Il poursuit ensuite sa carrière militaire en Belgique jusqu’en 1763. Pendant toute cette période, il publie plusieurs ouvrages de génie militaire et propose plusieurs inventions pour améliorer le matériel parmi lesquelles un fusil spécialement étudié pour les cavaliers. Retourné à la vie civile, il s’installe à Bruxelles où il travaille à un projet de motorisation à vapeur lorsqu’il rencontre à nouveau le général de Gribeauval, devenu inspecteur général des armées françaises. Celui-ci se montre très intéressé par son projet, car il songe depuis longtemps à développer l’artillerie, mais s’est toujours heurté au même problème : la lenteur de la traction des lourdes pièces de canon par des attelages de chevaux. Il incite donc Nicolas-Joseph à venir à Paris pour présenter son projet au duc de Choiseul, qui vient d’être nommé ministre de la Guerre. Choiseul est séduit. Il charge Nicolas de réaliser un modèle réduit aux frais du roi.
Ce premier véhicule, appelé « cabriot » est terminé en octobre 1769 et lors de la démonstration qui a lieu en présence du ministre, il parcourt 4 km en une heure en transportant quatre personnes. Cugnot reçoit alors une bourse pour réaliser un prototype en taille réelle. Lors des premiers essais, en 1770, le « fardier » ou « chariot à feu », s’il peut tracter une masse de cinq tonnes à la vitesse de six kilomètres à l’heure, déçoit un peu, car il n’a qu’une faible autonomie et un mauvais système de freinage (de mauvaises langues prétendront même que Cugnot causa le premier accident de la route en éventrant un mur lors des essais). Nicolas-Joseph se remet donc au travail pour corriger ces défauts, mais malheureusement pour lui, Choiseul quitte son ministère et Gribeauval tombe en disgrâce.
Le projet est donc abandonné, le fardier entreposé à l’Arsenal et Cugnot prié d’aller faire ses recherches ailleurs. Il se lance alors dans un autre domaine, celui des fortifications et sort un mémoire en 1778 qui lui vaudra l’attribution d’une pension royale confortable. Hélas, la Révolution change la donne. Il perd ses revenus et doit aller se réfugier en Belgique pour survivre. En 1797, un commissaire général de l’artillerie nommé Roland, qui a découvert l’engin entreposé à l’Arsenal sous une bâche, en parle au général Bonaparte qui se montre intéressé, mais a d’autres soucis en tête puisqu’il est sur le point d’appareiller pour l’Égypte. Cugnot rentre cependant en France en 1800 et obtient du Consulat une rente qui lui permet de finir ses jours sans soucis. Cette dépense ne fera pas un gros trou dans la caisse, car Cugnot décèdera quatre ans plus tard à Paris.
Et le fardier, me direz-vous ? On finit par le transférer dans l’ancienne abbaye de Saint Martin-des-Champs qui fait aujourd’hui partie du Musée des arts et métiers. Il y est encore et vous pouvez aller l’y admirer. Vous ne risquez pas de le manquer : cet engin de près de 3 tonnes mesure 7,25 m de long pour 2,19 m de large et la cuve à eau mesure près de 1,50 m de diamètre. C’est davantage une locomotive qu’une automobile, mais ce fut le premier véhicule capable de se déplacer sans l’aide de chevaux. Certes, en le voyant si lourd et si massif, certains douteront qu’on ait pu le faire avancer de plus d’un centimètre. Erreur ! Des étudiants de l’école des Arts et Métiers-Paris-Tech, qui en ont construit une réplique en tout point fidèle, avec l’aide de la ville de Void-Vacon, ont démontré qu’il fonctionnait bel et bien… Comme aurait pu le dire Galilée en voyant cet engin : « Et pourtant, il roule ! »
La réplique du fardier à Bar-le-Duc en juillet 2015
Cette réplique, qui a été exposée au salon de l’Auto, se trouve actuellement à Void, chouchoutée par les membres de l’association « Le fardier de Cugnot »
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