Synthèse du jury
« Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien. »
Peut-être que les plus anciens parmi les lecteurs de cette rubrique, en découvrant la photo concernée, se sont souvenus de ces mots chantés, interprétés, par le Grand Jacques…
Assurément, nos jeunes auteurs ont d’autres références musicales, et leur réflexion les a entraînés vers des univers différents, mais pourtant pas tellement éloignés.
Le poème gagnant a fait l’unanimité parmi les jurés, de par les thèmes abordés - la mort, la transmission des valeurs, le labeur, l’espoir - au long d’une agréable succession de quintils.
Une occasion pour nous d’évoquer un extrait de L’effort d’Emile Verhaeren
« Je vous aime, gars des pays blonds, beaux conducteurs
De hennissants et clairs et pesants attelages,
Et vous, bûcherons roux des bois pleins de senteurs,
Et toi, paysan fruste et vieux des blancs villages,
Qui n’aimes que les champs et leurs humbles chemins
Et qui jettes la semence d’une ample main
D’abord en l’air, droit devant toi, vers la lumière,
Pour qu’elle en vive un peu, avant de choir en terre… »
Les autres textes, certes plus courts, méritent eux aussi tous les encouragements du jury qui les partage avec un plaisir chaque fois renouvelé.
Avec des mots parfois semblables, tout en posant des taches de couleurs plus lumineuses que celles bordant le haut et le bas du cliché, chacun évoque un peu différemment la vie cachée dans les décors d’une mort apparente que renforcent les vestiges de la charrette, cette vie perpétuée par un invisible pollen, symbolisée par le mouvement d’un nuage, un souffle de vent dans un monde figé.
Nous avons souvent conseillé aux jeunes auteurs de ne pas se laisser emprisonner par la photo proposée, de s’échapper du cadre…Mais encore faut-il qu’un lien soit perceptible pour que le poème puisse être apprécié à sa juste valeur. Ce rappel se justifie parce que ce mois-ci, nous avons connu cette situation.
Que soit remercié également le seul élève extérieur à la Meuse qui a fait ressurgir du fond de nos mémoires quelques accords de guitare et l’image du petit âne gris d’Hugues Aufray.
« Pauvre bête de somme,
Il a fermé les yeux.
Abandonné des hommes,
Il est mort sans adieu. »
Avec nos félicitations, et avec un humour que nous sommes certains qu’il comprendra, nous lui rappelons, que le verbe meurer ou se meurer n’est pas encore admis dans le dictionnaire. Nous en avons donc rectifié l’orthographe avant publication.
Rendez-vous en Mars pour, nous l’espérons, des giboulées de mots !
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