Un film, un spectacle, une exposition, un musée...
Brigitte MONCEY a vu pour vous...
Portrait de la jeune fille en feu
Réalisateur : Céline Sciamma Acteurs : Adèle Haenel, Valeria Golino, Noémie Merlant, Luàna Bajrami Genre : Mélodrame Nationalité : Français Date de sortie : 18 septembre 2019 Festival : Festival de Cannes 2019
Troublante rencontre entre deux jeunes femmes, une peintre et son modèle, dans la Bretagne du XVIIIe siècle.
Résumé :
« Prenez le temps de me regarder » - Marianne, une artiste peintre du XVIIIe siècle, pose pour ses élèves. Soudain déstabilisée par la présence dans son champ de vision d’une peinture sortie de la remise sans qu’on l’ait prévenue, elle se remémore son origine.
1770. Marianne (Noémie Merlant) doit réaliser le portrait d’Héloïse (Adèle Haenel), une jeune fille qui vient de quitter le couvent. Il sera offert à son fiancé, un jeune aristocrate. Contrainte par sa mère (Valeria Golino) de se marier à ce riche Milanais, Héloïse vit recluse dans une île bretonne, avant de partir pour Naples. Elle résiste à son destin d’épouse en refusant de poser.
Sa mère, avec laquelle la peintre s’entretient, a imaginé un subterfuge :Marianne servira de dame de compagnie et de promenade et observera à la dérobée son modèle. En secret, elle devra réaliser de tête le portrait.
Ressenti des critiques et spectateurs
Film sensible, bouleversant, porté par le talent de ses deux actrices principales et de la domestique (Luàna Bajrami) qui transmettent un flot d'émotions au spectateur pendant toute sa durée. Pas besoin de grandes effusions ni de dialogues superflus, tout se joue dans les regards, les gestes, le langage corporel, la respiration. Tout est implicite. Les scènes d'amour sont sensuelles, discrètes et tendres.
"Portrait de la jeune fille en feu" offre en milieu de parcours une séquence absolument formidable, où nos trois héroïnes se retrouvent autour d'un feu avec des femmes qui entonnent a capella un chant totalement sidérant et envoûtant.
C’est un film admirable sur l'art et le féminisme, une toile d'émotions et de couleurs. Dépouillement des décors, précision des dialogues, jeu des comédiennes, esthétisme, élégance, finesse, beauté, tout cela pour un pur chef-d’œuvre qui entremêle les arts pour nous parler d’amour et de colère, de solitude, de liberté et de la beauté de la poésie qui fait revivre le souvenir. C’est un régal !
Les images, telles de véritables peintures baignées de clair-obscur, en intérieur ou à l'extérieur, dans la lumière chatoyante éclairant les plages bretonnes, sont magnifiques. Chaque plan est composé comme un tableau de maître… d'où l'ironie et l'humour ne sont d'ailleurs pas absents, au travers des dialogues joliment troussés.
Tout n’est que délicatesse ; les silences et les sons, du frottement du fusain sur le papier aux crépitements du feu des cheminées jusqu'aux rythmes des respirations ; la tonalité d'un clavecin qui ne joue que quelques notes éparpillées d'une mystérieuse musique qu'on reconnaît pourtant.
Touché par la grâce, ce film est l'illustration même du désir et de la passion, au travers de deux femmes dont les destins vont se croiser. Un conte artistique dans un premier temps, puis une romance charnelle par la suite. Bref, une pure merveille, remplie de beauté, de tendresse.
C’est aussi mon avis.
Commentaires
1
Moncey
Le jeudi, 02 janvier 2020
Merci Soizic. C'est toujours un plaisir de voir que nos rubriques plaisent à nos lecteurs.
Meilleurs vœux pour 2020.
2
Soizic Hily
Le jeudi, 02 janvier 2020
Quel plaisir de retrouver, si bien rendu, mon propre enthousiasme à voir ce film... ce qui renforce l'envie de le revoir!