Chaque mois, Monique vous propose le parcours et les ramifications de trois mots français courants.
Ces quatre phonèmes sonnent étrangement à nos oreilles françaises, ils nous ont donné des mots venus d’ailleurs, qui, par des artifices de langage, ont parfois prêté à rire.
W
Il est rare qu’un mot débutant par W ne soit pas anglais, et comme nous savons tous quelques mots d’anglais, nous avons parfois traduit un peu vite.
Water-Closet, n.m. Water, eau. Closet, cabinet. Donc, cabinet à eau.
Attention à l’orthographe : closet et non closed, fermé. En fait, il y a un sens commun.
Closet, nom commun du vieux français, était un diminutif de clos (clos+et).
Waterproof, adj. Emprunté directement à l’anglais. Water, l’eau. Proof, équivaut au français preuve, ou épreuve. Waterproof qualifie un objet qui a résisté à l’épreuve de l’eau.
Witloof, n.masc ! D’origine flamande, c‘est une endive.
J’ai relevé ce mot pour sa prononciation à la française.
En 1960, on achetait au marché de la [viteloffe], (phonétique approximative) !
X
Avec le X initial, il y a des chances que le mot soit grec ! (Mais Xérès est espagnol !)
Xéno, préfixe d’origine grecque.
Xenos, n.m grec, a d’abord voulu dire hôte c-à-d personne liée par des relations d’accueil réciproques (comme hôte, qui veut aussi bien dire l’accueillant que l’accueilli, en français).
Puis Xenos a signifié étranger. Ensuite, le préfixe xéno a servi à composer xénophobie, peur de l’étranger, pour, à un degré supérieur, signifier, racisme. Ainsi voit-on comment, linguistiquement, l’accueil d’un étranger, dans une relation réciproque et bienveillante, est devenu crainte de l’étranger, puis hostilité à l’égard de l’étranger.
Xylo, préfixe d’origine grecque, en rapport au bois..
Xylophone, n.m. Xylo, en rapport au bois, Phone, en rapport au son. Instrument de musique à percussion composé de lames de bois inégales sur lesquelles on tape avec un petit maillet.
Xylophage, adj. Xylo, en rapport au bois. Phage, en rapport avec l’alimentation.
Cet adjectif qualifie les insectes se nourrissant de bois.
Y
Yacht, n.m. Viendrait du néerlandais jachtship, bateau pour chasser, (jagen en allemand).
En 1762, on le prononce encore [iak], mais la prononciation à l’anglaise [iot] l’emportera.
Un yacht est un bateau de plaisance à voiles ou à moteur.
Yak ou yack, n.m. Le mot écrit yak existe bien, il vient du Tibet où il désignait une sorte de vache domestiquée...
Yaourt ou jogourt ou joghourt, n.m. Ce mot nous vient d‘Asie Centrale, de la Turquie aux Balkans, en passant par la Bulgarie. C’est un lait caillé, non égoutté et fermenté, qui sera adopté dans les pays francophones au début du XXe siècle.
Yoyo, n.m. invariable. (1931). Jeu d’adresse consistant à faire monter et descendre sans discontinuer un disque évidé le long d’une corde enroulée sur son axe. Le mot serait d’origine chinoise. Votre poids, comme la bourse, peut faire le yoyo, monter et redescendre.
Le verbe yoyoter fut inventé avec l’apparition du yoyo, au sens figuré d’être fou : Tu yoyotes ! Il yoyote de la touffe, de la toiture ! Notez que la répétition des syllabes a un effet de drôlerie.
Z
Ce phonème semble favoriser la répétition de syllabes, comme pour nous amuser…
Zazou, adj et n.m. De formation onomatopéique, 1940. Correspond à l’arrivée du jazz, où les vocalises en a ou en ou, sont fréquentes. Il désigna des jeunes gens passionnés de jazz, à la tenue tapageuse, et opposés à l’idéologie pétainiste. Ce mot a connu une grande vogue pendant l’occupation allemande et un peu après, pour disparaître presque complètement.
Le nom, les zazous, resté en usage surtout dans les campagnes jusque dans les années 70, ne s’emploie plus que par allusion à l’époque 1940-1950.
Zozo, n. m. et adj. Vient certainement du mot oiseau, qui, au pluriel, fait répèter le [Z] :
des zoizeaux, des zoziaux, des zozos.
Il imite en même temps le zézaiement enfantin, donc le manque de maturité.
Un zozo est un naïf, un bêta !
Zizi, n.m. Comme ci-dessus, il y a reproduction du zézaiement enfantin appliqué ici au sexe des enfants, garçons ou filles. Faire zizi-panpan évoquait la fessée, donnée par un adulte (en dérision) ou plus innocemment à un enfant.
En 1864, on relevait les expressions : faire la zizette ou zizotter, faire l’amour.
On ne compte pas les mots en z qui nous amusent, la liste est longue !
Zigomar, zigoteau, zinzin, zouave, zigue-zigue et son verbe zigouiller…
Ce phonème répétitif du langage enfantin ne réveillerait-il pas en nous
la nostalgie d’une enfance espiègle?
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