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Par Daniel DUBOURG
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La ligne de partage des eaux

En montagne, la source naît, jaillit sur le flanc propice à sa sortie. Elle obéit aux lois de la gravitation et descend vers la vallée, torrent impétueux ou ru paisible, selon la pente qui lui est offerte, droit vers sa destinée, cherchant sa voie au gré du terrain. Elle finira par atteindre la rivière qui l’attend en contrebas, se perdra parfois, s’enfouira dans la terre, en rencontrant une crevasse, un affaissement et deviendra ainsi souterraine, puis résurgence. La source suit son chemin sans le moindre doute. Elle n’a pas le choix.

Sur le flanc opposé, une autre source éclot et fait de même. Les deux sources ne se connaissent pas. Elles ne se rencontreront sans doute jamais. Le choix de creuser leur propre lit est si faible.                              

Peut-être sommes-nous ces deux sources à la fois, nés d’une réserve commune ou voisine. Mais notre trajectoire personnelle nous conduit tour à tour sur un versant puis sur l’autre. Là vit la dualité de ce monde, où tout est en miroir de son contraire. Le sombre et le clair, le fort et le faible, le rapide et le lent, le doux et le dur. Et cette opposition permanente, toujours présente, induit nos hésitations, influence nos choix, nos ressentis, nos conceptions, nos idées, notre philosophie, parce qu’elle est la porte ouverte aux choix pluriels, parfois au choix qui devient une alternative, sans nuances.

En montagne, nous rencontrons parfois un panneau indiquant « ligne de partage des eaux ». À cet endroit, on indique que les sources se dirigent vers un bassin versant précis et que leur itinéraire est défini, déterminé. Elles ne sauteront pas au-dessus de la ligne de crête.

Nous avons peut-être ce privilège, cette propriété d’avancer sur la crête, en suivant cette ligne de partage. Alors, ainsi en équilibre, nous sommes en permanence comme le funambule qui tente de ne pas tomber de son fil, jetant un œil à droite et à gauche, et qui choisit de ne tomber sur aucun versant.

Nous ne sommes pas toujours funambules et nous passons alors par les opposés et les contraires, les contradictions, les incohérences, sur le chemin de la recherche, dans des lits tantôt rocailleux, tantôt de soie, pas forcément d’un accueil satisfaisant.

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