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La contribution d'une abonnée au Porte-Plume

Soizic HILY vit à Paris ainsi qu'en Seine et Marne du côté de Provins. Elle est professeure de Lettres en Seine-et-Marne. Elle a exercé quelques années en Algérie. Elle estime ne pas avoir de compétences particulières sauf pour le plaisir de flâner ou découvrir.

Hily Soizic
Soizic nous parle de...


Christian Cantos

Entre Nord meusien et Gaume wallonne, Christian Cantos a choisi la Citadelle de Montmédy pour déployer sa créativité. Peindre et partager son œuvre et sa foi, telle est sa vie. Car on ne saurait parler de Cantos sans évoquer sa foi, énergie de plus en plus à l’œuvre dans sa création, quel que soit le sujet de ses toiles, intimiste ou cosmique.

La peinture, chez ce quinqua par ailleurs chanteur, est une aventure de toujours, née de séjours familiaux vers la Place du Tertre ou Barbizon. Parfois mauvais garçon, parfois « barré dans les bois », Christian, né à Québec, s’investit dès son enfance normande dans un monde qui lui est propre. Il écrit, bricole, taille, assemble : colle des matériaux de toutes sortes, récupérés dans des balades/fuites, s’inspirant de ce qu’il a pu voir dans les boutiques de Montmartre, et oubliant ainsi qu’à l’école on le traite de « roux ».

Car le monde semble illogique à Christian. Son père lui déclare : « Je veux que tu sois plus fort que les autres. – Et les autres, on en fait quoi ? » s’inquiète le fils de 12 ans… Par compromis familial, néanmoins, il ne fera pas les beaux-arts, mais du graphisme.

À la MJC d’Elbeuf, il déploie ses premiers talents : décorateur, parolier, chanteur d’un groupe entre punk et hard rock : « Devil’s power », « car j’avais fait un pacte avec le diable »… Années d’errance et d’enfer, de lieu en lieu — et les espaces intérieurs ne sont pas les moins périlleux…

Cantos ne cesse de se redéfinir, comme homme, comme artiste. Il est passé de la sculpture sur pierre à la peinture. Mais toujours en corps à corps. D’où l’autoportrait, et la confrontation avec soi-même : toute une année d’égoportraits quotidiens, marouflés sur toile avec gélatine acrylique, repeinte encore par-dessus, en pièce unique : « Je n’aime pas les séries ».

« Le numérique, c’est de la création, comme la peinture » Fort de ce principe, Cantos multiplie les va-et-vient de l’un à l’autre, dans l’élaboration d’une œuvre. L’étape peinte est indispensable : « Je ramène de la main ». Et le support matériel permet d’inscrire l’imaginaire dans l’espace et la durée : « J’aime mettre de la matière ».

De même, Cantos combine figuratif et non-figuratif. « L’abstractif, c’est la liberté, le vidage complet de toute pensée humaine, et il faut trouver une sorte d’harmonie. L’abstractif est nécessaire pour aller au-delà des mots et du savoir. » Et celui qui n’a jamais cessé de composer ni chanter ajoute : « De même que Ferré savait mettre de l’abstrait dans ses mots. »

Quant au figuratif, il est de plus en plus traité dans un mouvement croisé de carrés et d’orbes de couleur. Selon des thèmes récurrents : la femme, nue ou vêtue de rouge, hiératique ou dansante, érotique ou symbolisant l’humanité, « puisque la femme enfante ». Et plus de vingt toiles de toutes dimensions, réalisées en résidence sur les lieux mêmes, nous confrontent à une fantasmagorie de Venise, réduite à ses piliers enfoncés dans la boue, rouge de dessèchement tandis que les chevaux de Saint-Marc agonisent dans des poses de Léviathan… Ainsi se présente à ses yeux un monde « qui a perdu la source de l’amour et de l’enfance ». Que vient tempérer la série sur la Miséricorde composée pour la Basilique d’Avioth en 2016.

Cantos, par son art, sa réflexion, sa sensibilité explore de plus en plus avant les thèmes forts de la spiritualité et de la condition humaine : le rapport à l’enfance, à la paternité ; la quête de lumière et d’amour, l’apocalypse et la Parole de Dieu. Son œuvre renouvelle aussi de façon simple et puissante des thèmes de la tradition religieuse, dans une technique et une vision aussi confirmées qu’originales.

(Vous pouvez cliquer sur les tableaux pour les agrandir)

La chevauchee aquatique mise a sec 80x100
La chevauchée aquatique mise à sec
Vanite venitienne 100x80 Trompettiste 40x40
Vanité vénitienne Trompettiste


Pour en savoir plus sur Christian Cantos

http://christiancantos.com/2012-a-2013

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Commentaires

  • soizic HILY

    1 soizic HILY Le mardi, 15 janvier 2019

    Bonjour
    Je découvre un peu tardivement vos commentaires, mais avec d'autant plus de plaisir...
    Cantos n'est pas encore au musée ! En revanche, on peut le voir peindre en son atelier de la Citadelle de Montmédy. C'est lui qui a suggéré au maire de mettre à disposition gratis les casemates.
    Par ailleurs, il vit sur place et il est accueillant, prêt à parler... de bien des choses, mais tout ne fait-il pas partie de son art, pour un artiste..
    Ses œuvres apparaissent parfois dans des expos dans la région, comme à Virton en septembre dernier par exemple.
    Par ailleurs, j'aimerais bien un jour faire un petit reportage sur cette région (Montmédy, Avioth, etc.) aussi séduisante que discrète.
    Merci encore de vos commentaires.
    Bien cordialement
    Soizic
  • serge beyer

    2 serge beyer Le mercredi, 02 janvier 2019

    Un superbe article qui a évidemment suscité l'envie d'en savoir plus... Exceptionnelle découverte du coté de Montmédy !! C'est certain, Christian Cantos ne vient pas d'une autre galaxie. La condition humaine, de par son parcours, il peut en parler, la chanter, la peindre, la sculpter... Il y a sans doute également des mots de Ferré dans l'abstrait de ses couteaux et pinceaux. Pour info, l'O.T. du pays de Montmédy a publié sur son site quelques articles concernant cet artiste "un peu" meusien. Merci Soizic pour cette contribution.
  • Monique Villaume

    3 Monique Villaume Le mercredi, 02 janvier 2019

    Merci Soizic. Où et quand peut-on voir les œuvres de ce peintre à la citadelle de Montmédy ? Au musée ? Ce serait l’occasion de les voir côtoyer celles de Bastien-Lepage, autre genre, mais le voisinage peut être détonnant ! Vivement les beaux jours pour une balade à la citadelle !

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