Par Daniel DUBOURG
Bonne année !
Bonne année ! Un souhait fréquemment adressé à cette période. La formule est si automatique que l’on peut se demander parfois si l’intention y est vraiment, au moment où on l’exprime.
C’est un peu comme bonjour, bonne nuit, au revoir. Autant de petits mots sur lesquels il est bon de s’arrêter, car ils ne sont pas là pour rien.
Se dire simplement : « Qu’est-ce que cela signifie vraiment pour moi, lorsque je souhaite une bonne nuit à quelqu’un ? Et quand quelqu’un me dit bonjour, quelle bonne journée me souhaite-t-il ? La meilleure, celle qui me conviendra, j’imagine ; mais en fait, il n’en sait rien. L’essentiel est dans l’intention qu’il émet à mon endroit.
On est peut-être au cœur de la chose. C’est la nature et la profondeur de cette intention qui risquent de générer la suite parce que toutes deux vous mettent en condition. En outre, vous êtes déjà heureux que quelqu’un vous ait adressé une parole positive.
On entend dire qu’il ne sert à rien de souhaiter le bonjour ou la bonne année, au prétexte que ces quelques mots ne peuvent pas améliorer une situation qui, si elle n’est pas bonne, le restera ou, au pire, se dégradera. Autrement dit, le souhait n’aura pas d’impact.
S’il est vrai que le fait de souhaiter une bonne année ne va rien modifier d’immédiat d’une situation qui n’est que le produit d’une foule de composants, on est cependant en droit de penser que le simple mot adressé à l’autre sera porteur, instigateur, car chargé d’intentions encourageantes.
Dire bonjour, au revoir, bonne nuit, bon voyage… Cela ne doit pas relever de la formalité, sinon, autant s’en abstenir. Au-delà d’être une simple formule de politesse, ces petits mots de gentillesse, discrets et fréquents véhicules, gagnent à être repensés, réappréciés, faute de quoi ils se vident de toute leur substance.
Vous me direz que, parfois, certains ne paraissent pas prêts à recevoir le bonjour. Peu importe, donnez-le.
Il y a celui qui est abîmé dans ses pensées, dans sa bulle ; celui qui vous croise « audio-casqué » ou encore « smartphonallumé », celle qui a décidé de ne pas dire bonjour, parce que c’est bête, inutile, ridicule. Beaucoup vont se retourner et vous regarder drôlement, d’autres ne vous auront ni vu ni entendu. On ne va peut-être pas vous répondre. Et puis, il y a les timides, ceux qui ne disent jamais rien à haute voix, en public ; ceux qui ignorent le mot, auxquels on ne l’a jamais dit, jamais appris.
Qu’importe. Les petits mots ouvrent des portes. Trop souvent considérés futiles voire inutiles, par certains, ils sont comme des sésames, des rituels d’ouverture, des préalables à la communication vraie, dans un quotidien trop souvent pris en flagrant délit d’excès de vitesse, où l’on ne fait que frôler, papillonner...
« Il dépend de celui qui passe que je sois une tombe ou un trésor » (P. Valéry)
Qui d’entre nous n’a pas, une fois au moins, échangé dans la rue un bref regard avec un(e) inconnu(e), ponctué d’un bonjour ? Cela nous a même, surpris, étonnés, charmés. Un instant fugace pour un souhait en forme d’étincelle.
« Bonjour » n’est autre que « Bon jour ». Accommodez ce jour comme un plat bien mitonné pour qu’il vous soit un délice à l’oreille et un baume au cœur. Pour « Bonne année », procédez de la même façon. Et partagez.
Allez !
Au revoir !
Bonne année !
À bientôt ?