Chaque mois, Monique vous propose le parcours et les ramifications de trois mots français courants.
Sac. Nom masculin. Pour moi ce mot évoque un fourre-tout, à l’image du mien ! En effet, ses emplois sont multiples, on y trouve de tout. Il a d’abord désigné une toile grossière, puis les contenants fabriqués avec cette toile, s’ouvrant par le haut. Des expressions péjoratives restent, habillé comme un sac ou on dirait un sac, ne sont pas des compliments ! Ā la fin du XIVème siècle, on trouve le sens de ventre, comme dans sac à vin, pour parler d’un ivrogne.
La partie cachée est appelée, au propre comme au figuré, le fond du sac tandis que la partie haute, le haut du sac, visible, correspond au haut du panier. On parle ici de couches sociales ! L’expression juger sur l’étiquette se réfère aussi au haut du sac : juger sur les apparences. Vider son sac, c’est dire le fond de sa pensée, mettre au grand jour ce que l’on gardait caché.
Le contenu d’un sac était tellement multiforme qu’on a fini par lui ajouter un mot explicatif : au figuré, un sac de nœuds, un sac à embrouilles, un sac à malices, ou plus prosaïquement, un sac-repas, un sac à main, à dos, un sac de couchage, appelé en argot sac à viande et en langage familier un sac à puces, expression pas seulement réservée aux chiens !
Sadisme. Nom masculin. On doit ce mot aux écrits du marquis de Sade (1740,1814), traitant de relations sexuelles particulières, lié à son contraire, le masochisme.
En psychanalyse, on a parlé de perversion sexuelle dans laquelle la satisfaction est liée à la souffrance ou à l’humiliation infligée à autrui. Le terme a connu une extension, même Freud l’a utilisé pour parler de toute violence exercée sur autrui, hors de toute satisfaction sexuelle.
C’est son sens courant actuel, même si l’expression sado-maso, désigne éminemment des pratiques sexuelles mettant en scène la violence ou la souffrance des partenaires.
Salut. Nom masculin. Le sens initial désigne un état de la personne, entier, en bon état, par rapport à son contraire, être mort. Le mot est représenté dans le vocabulaire religieux dans le sens de sauver, sauver de la mort. Avoir une planche de salut, ou trouver son salut, c’est échapper à la mort. Dans la chanson de Roland (1080), le salut est évoqué comme marque de civilité envers une personne que l’on rencontre ou que l’on quitte. Là encore, on lui souhaite santé et prospérité. Salut et fraternité, (qui m’ évoque un auteur lorrain actuel), vint ponctuer certaines missives officielles à l’époque de la révolution.
En Français courant, le mot s’est considérablement affaibli, signifiant familièrement, bonjour, ou au revoir. Cependant tout n’est pas perdu du sens premier, puisque lorsque vous dites bonjour à quelqu’un, vous lui souhaitez toujours un bon jour, pensez-y !
Les insolites des Étymots en un clin d’œil.
Sablé.
1/Nom. Petit gâteau sec à pâte friable, d’abord produit à Sablé, en Touraine.
2/Adjectif. S’applique à la texture du gâteau, friable comme du sable.
C’est une jolie coïncidence, mais l’étymologie n’est pas d’accord, ce serait pourtant si pratique !
Sabler ou sabrer le champagne ? Par allusion au métal en fusion que l’on coule dans un moule sableux, on le sable, on le boit d’un trait.
L’étymologie ne veut pas du sabre ! Même si les escrimeurs sabrent le champagne en cassant le goulot de la bouteille d’un violent coup de sabre !
Saquer. Verbe dérivé du mot sac et plus particulièrement de donner son sac à quelqu’un, le congédier, car on ne peut plus le saquer, on ne le supporte plus !
Saint-Glinglin. Une dernière drôlerie étymologique ! Glinglin vient de l’allemand klingen, sonner. Seing est issu de signum, signal. On a confondu seing et saint, soit signum et sanctus, et maintenant, on peut attendre la Saint-glinglin pour que les cloches signalent la vérité !
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