Tant n'en emportera pas le temps
Cette table pleine de mousse et de feuilles, me rappelle ce temps si ancien
Où toi et moi, profitions d'un temps printanier et clément.
Attablée, les yeux grands ouverts, je t'écoutais retracer ta jeunesse.
Tu me racontais des histoires d'antan,
Des histoires de famille ou de sang
Où tu n'étais alors qu'un chérubin insouciant
Tu n'avais pas encore idée de ta vie future
Gambadant dans ton petit short bouffant.
Des souvenirs resurgissent et tes yeux scintillent,
Pourtant, dans cet endroit si apaisant
Tu vois resurgir ta vie, tes moments les plus abrupts,
Ayant peur que le souvenir passe comme l'ombre et le vent,
Tu sors de ta poche, une petite boîte rouillée
Les oiseaux chantent ; le soleil se couche ;
Cette table déposée ici depuis ton enfance,
Et personne ne semblait être revenu depuis.
« Tout a disparu », me dis-tu,
Les mineurs, les carriers, les explosions de dynamite
Qui t’abasourdissaient, et tu te réfugiais sous cette table,
Tes mains blanches, le visage pâle et les yeux effrayés
Lorsque tu entendais ces bombardements.
Le temps a passé, les habitants ont disparu.
Le paysage quant à lui, s'est imposé en maître,
Il a laissé temps et nature prendre les devants
Dans ce monde externe où tout semble éphémère.
Ces souvenirs dont j'ai mémoire,
Me reviennent lorsque je retourne à cette table.
Hélas, lorsque les oiseaux cessent leurs chants,
Tout disparaît brusquement ; je suis seule
La petite boite est tombée à mes pieds
Engorgée de petites photos monochromes aux contours ciselés.
Alors, je me lève pour retraverser les sentiers,
Jetant un dernier regard à la table
Qui restera encore et encore
Tant qu'on lui rappellera ton souvenir.
« Pour un être passionné de nature, parti beaucoup trop tôt ; rejoindre la nature... »
|