A vos plumes05-mai-1.jpg2019 1

Les trois poèmes choisis à partir de la photo d'avril

2019 04

10 poèmes reçus

 

Synthèse du jury

Depuis plusieurs générations, les amoureux de Brassens s’y bécotent sous le regard oblique des passants qui n’ont plus rien d’autre à faire de leur vie que de passer…
Renaud s’est assis cinq minutes sur l’un d’eux, le temps de regarder s’en aller le soleil et s’en foutre, pour composer une des chansons préférées des Français depuis plusieurs décennies. Les méchants ce n’est pas nous!  
Les bancs, comme les tables auraient donc tant d’histoires à nous raconter ?

Celles de nos propres vies, en fait !

Témoins silencieux, ils sont souvent complices de nos rencontres comme de nos déchirements, de nos amours ou de nos révoltes. Ils nous accueillent pour manger, lire, pleurer, rire, méditer, regarder vers nos hiers ou imaginer nos demains, contempler un lumineux lever de soleil ou un flamboyant couchant triste comme une blessure…
Il arrive que certains y posent  un sac devenu trop lourd de tous les cailloux ou les fleurs fanées ramassés en chemin, pour survivre, parfois mourir.
Sur ce banc vermoulu, vous avez porté des regards différents, chacun laissant sur la mousse et les feuilles mortes un peu de son âme, ses rêves, ses espoirs, ses douleurs intérieures, ses cris…
Vous avez diversement touché les membres du jury dont la majorité a trouvé dans vos textes beaucoup de profondeur et de sincérité, avec ce constat unanimement exprimé :

—  Que de nostalgie !

Le conseil du mois pour une prochaine participation ?
Avant l’envoi de votre écrit, effectuez systématiquement une relecture soignée uniquement consacrée à la recherche des fautes, pénalisantes et bien souvent aisément détectables.
En remerciant encore ceux et celles qui œuvrent pour que cette rubrique À vos plumes existe et en guise de conclusion, nous vous offrons le début d’un poème de Théophile Gautier en vous incitant à aller découvrir la suite. Certes, son banc était de pierre, mais c’est certain, il n’a pu écrire ses vers qu’en s’inspirant de la photo proposée ce mois-ci !

Au fond du parc, dans une ombre indécise,
Il est un banc, solitaire et moussu,
Où l’on croit voir la Rêverie assise,
Triste et songeant à quelque amour déçu.
Le Souvenir dans les arbres murmure,
Se racontant les bonheurs expiés ;
Et, comme un pleur, de la grêle ramure
Une feuille tombe à vos pieds…

 

 

Medaille or1

Camille
QUENNOUELLE

Camille-Quennouelle
Tle S1
Lycée Henri Vogt
COMMERCY

Tant n'en emportera pas le temps

Cette table pleine de mousse et de feuilles, me rappelle ce temps si ancien
Où toi et moi, profitions d'un temps printanier et clément.
Attablée, les yeux grands ouverts, je t'écoutais retracer ta jeunesse.

Tu me racontais des histoires d'antan,
Des histoires de famille ou de sang
Où tu n'étais alors qu'un chérubin insouciant
Tu n'avais pas encore idée de ta vie future
Gambadant dans ton petit short bouffant.

Des souvenirs resurgissent et tes yeux scintillent,
Pourtant, dans cet endroit si apaisant
Tu vois resurgir ta vie, tes moments les plus abrupts,
Ayant peur que le souvenir passe comme l'ombre et le vent,
Tu sors de ta poche, une petite boîte rouillée

Les oiseaux chantent ; le soleil se couche ;
Cette table déposée ici depuis ton enfance,
Et personne ne semblait être revenu depuis.
« Tout a disparu », me dis-tu,

Les mineurs, les carriers, les explosions de dynamite
Qui t’abasourdissaient, et tu te réfugiais sous cette table,
Tes mains blanches, le visage pâle et les yeux effrayés
Lorsque tu entendais ces bombardements.

Le temps a passé, les habitants ont disparu.
Le paysage quant à lui, s'est imposé en maître,
Il a laissé temps et nature prendre les devants
Dans ce monde externe où tout semble éphémère.

Ces souvenirs dont j'ai mémoire,
Me reviennent lorsque je retourne à cette table.

Hélas, lorsque les oiseaux cessent leurs chants,
Tout disparaît brusquement ; je suis seule
La petite boite est tombée à mes pieds
Engorgée de petites photos monochromes aux contours ciselés.

Alors, je me lève pour retraverser les sentiers,
Jetant un dernier regard à la table
Qui restera encore et encore
Tant qu'on lui rappellera ton souvenir.

« Pour un être passionné de nature, parti beaucoup trop tôt ; rejoindre la nature... »

Medaille argent1

Fanette
BIOCALTI

Anonyme
2de 10
Lycée

Margueritte
Verdun

Oppression

Je ne suis qu'une âme perdue
Abandonnée au milieu de nulle part
Laissée là comme une ruine
À jamais disparue des mémoires

Pourtant je suis encore debout
J'existe toujours
N'en déplaise à certains
Vos regards moqueurs, vos airs rieurs n'auront pas raison de moi

La vie est courte
Pourquoi la passer à souffrir ?
Pourquoi se faire oppresser, pourquoi se faire oublier ?
Pourquoi subir ?

Medaille bronze1
Lucille
BOURQUE

Lucille bourque 1
2de 10
Lycée

Margueritte
Verdun

Solitude

Sur cette vieille table où nous nous arrêtions,
Là où nous parlions de tout et de rien, nous nous unissions,
Je pouvais percevoir les rayons du soleil et,
Lorsque tu riais, je me sentais comblée.
Je l'étais car auparavant tu n'avais pas été atteint,
La maladie t'a pris, nous a séparés, maintenant je ne vois plus rien...
Non, ni ton sourire, ni ton visage, je suis perdue comme dans ces bois.
Ce n'est plus le manque qui me brise le cœur, mais ces voix
Qui résonnent en moi lorsque le vide s'empare de mon âme.
Je ne peux absolument plus rien exprimer, seules mes larmes
Sont ces parcelles dont chacune d'entre elles révèle
Les douloureux souvenirs de celle que tu as fait naître en moi, celle
Qui pouvait vaincre le monde seulement si tu étais là
Et qui, aujourd'hui, est détruite par ces souvenirs qu'il nous restera.

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