Chœur en feu
Même de pierre, un chœur est éternellement fragile. Tendre, il bat en silence. Un cœur aussi.
Le feu peut le ravager soudain, et l’on prend alors conscience que le corps qu’il habite est vivant. La flamme peut détruire et dévorer. Elle sait aussi nourrir, chauffer, réconforter, donner la lumière au cœur et au corps. Peut-être aussi à l’esprit, quand les plus fines escarbilles s’envolent, dématérialisées par l’alchimie du feu. L’esprit, celui de la nature, de l’homme, du vivant.
La cathédrale est à l’image de l’Homme. Un monde vivant, avec un cœur. Le symbole est fort. Il touche le sacré, ce qui lie l’Homme au plus intime de la création et de son mystère.
Une cathédrale, c’est plus et autre chose encore que des dentelles de pierres, des forêts de poutres, des prunelles de verre aux éclats séculaires. Pareil pour un temple, une mosquée.
L’Homme a besoin de chaleur. Le feu qui brûle dans un cœur la donne, quand il protège. L’homme est une cathédrale. Les bâtisseurs ne s’y sont pas trompés, qui y ont mis leur cœur. Tout est prêt pour y vivre la paix et l’harmonie.
Une cathédrale s’embrase. Un foyer parmi tant d’autres. Si proches de nous ou lointains, au point de susciter oubli et indifférence, des milliers de foyers réduisent en cendres des milliers de cathédrales dont les rosaces sont des yeux d’enfants blessés, malades, tristes, perdus et affamés.
La planète flambe. Le feu couve et fait plus que ramper sous de nombreuses latitudes, attisé par tant de convoitises, d’insouciance, d’irresponsabilité et de mépris.
Il est sans doute temps de se pencher sur la préservation de tout ce patrimoine que l’humain a reçu en héritage pour le faire fructifier au bénéfice de tous les cœurs.
Il est temps d’éteindre les feux qui étreignent la vie jusqu’à l’étouffer.
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