La femme qui ne vieillissait pas
de Grégoire Delacourt
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Martine doit bien se rendre à l’évidence : elle ne vieillit pas. Chaque année, à la même date, un photographe fixe son portrait sur ses plaques argentiques. Pose immuable, mêmes habits, même lumière. La première ride se fait attendre…
On pourrait penser (et Martine la première, qui a troqué son prénom pour celui de Betty, moins ringard) que cet état qui semble se figer n’est qu’un caprice passager de la nature. Il n’en est rien. Tant de gens ne font pas leur âge ! Mais, au bout du compte, ils jouissent d’un écart constant et non d’une apparence leur conférant une éternelle jeunesse.
À trente ans, quarante ans bien plus encore, Betty en paraît vingt. Un cadeau de la nature, pense-t-elle, qui la comble un certain temps.
Elle va vivre des situations incongrues, inattendues, souvent angoissantes, car sa maturité, sa psychologie,
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sa situation sociale et sa relation aux autres et à elle-même vont prendre le chemin inéluctable des rides et des cheveux grisonnants qu’offrent les années, heureusement, dirons-nous.
Le roman conduit d’une plume alerte nous permettra de suivre Betty dans une foule d’événements d’un quotidien fait de prises de conscience, de décalages, de joies et de peines toujours filtrées par son physique « à l’arrêt ».
Le récit frappe par la justesse de l’observation, la délicatesse de la psychologie et la charge émotionnelle que l’auteur lui imprime, ce dernier semblant souvent se couler dans la peau de cette attachante et émouvante Betty.
C’est comme un jeu de miroirs, assez fantastique, mais bien inscrit dans le réel, qui retient le regard des autres et le sien, posant ainsi ce qui est vu à la fois de l’extérieur et de l’intérieur par cette dame qui ne vieillit pas, et aussi par ceux de son entourage.
Un petit chef-d’œuvre.
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