Dans chaque Porte-Plume, Laurent propose sa photo du trimestre agrémentée d'une légende empruntée à des poètes qu'il affectionne particulièrement.
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Le feu
Le feu fait un classement : d’abord toutes les flammes se dirigent en quelque sens…
(L’on ne peut comparer la marche du feu qu’à celle des animaux : il faut qu’il quitte un endroit pour en occuper un autre ; il marche à la fois comme une amibe et comme une girafe, bondit du col, rampe du pied…)
Puis, tandis que les masses contaminées avec méthode s’écroulent, les gaz qui s’échappent sont transformés à mesure en une seule rampe de papillons.
LE FEU n’est que la singerie ici-bas du soleil. Sa représentation, accrue en intensité et en grimaces, réduite quant à l’espace et au temps.
Le feu, comme le singe, est un virtuose. Il s’accroche et gesticule dans les branches. Mais le spectacle en est rapide. Et l’acteur ne survit pas longtemps à son théâtre, qui s’écroule brusquement en cendres un instant seulement avant le dernier geste, le dernier cri. […]
Francis PONGE
Le soleil toupie à fouetter, III, in Pièces (Gallimard, 1962)
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