L’endroit est plein de chevelus militants amoureux de la nature, calés en belettes, buses, campagnols et autres. Elle s’y sent dans son élément, revient souvent, se fait des amis pour la vie. C’est désormais une certitude : elle vivra au milieu des arbres et des bêtes sauvages. « Passe ton bac d’abord ! » lui conseillent en chœur son père et sa conscience. Ils ont raison. Elle passe le bac, poursuit ses études à Paris, Marseille et Strasbourg. Elle obtient ainsi un DEUG de biologie, une licence et une maîtrise de neurosciences et effectue dix mois de stage de DEA sur le terrain, en Lorraine, pour étudier la prédation exercée par les renards. Pas question pour elle de s’arrêter en si bon chemin, elle reste en Lorraine pour conduire une thèse sur le comportement du goupil.
Bénéficiaire d’une allocation doctorale, Marie-Lazarine parcourt alors la campagne dans une vieille 4L, s’embourbe souvent, s’improvise trappeur pour capturer des renards et les suivre par radiopistage, les observe la nuit aux phares et, quatre ans plus tard, soutient une thèse sur leur comportement. Les années 1990 ont débuté, elle a 27 ans et s’envole pour le Québec où elle ne connaît personne et n’a jamais mis les pieds. Recrutée comme postdoctorante, elle apprend l’hiver, le québécois et le maniement d’une motoneige. Loin de tout et par -20 °C, elle suit son équipier qui piste les coyotes qui traquent les cerfs. L’année se termine, elle décide de rester, se fait embaucher dans le privé, supervise l’effarouchement d’oies blanches, rédige des rapports sur la chasse et le piégeage en territoire autochtone, identifie les obstacles au déplacement des ours, se fait d’autres amis.
En 1994, l’année où les loups sont de retour en France, Marie-Lazarine Poulle fait de même. Cinq années durant, elle rend compte de leur progression sur l’arc alpin. En 2000, elle lâche l’affaire, lassée des conflits incessants entre « pro » et « anti » retour de la bête. Une station de terrain sur le comportement des animaux sauvages vient d’être créée dans les Ardennes. Elle la rejoint et s’intègre à l’équipe. La région et ses habitants lui plaisent. Elle y reste et passe son habilitation à diriger des recherches. Depuis, au milieu des arbres et des bêtes sauvages, elle forme de jeunes chercheurs à l’étude du comportement des renards, chats et autres carnivores.
Marie-Lazarine n’est donc pas devenue gardienne de zoo, aventurière, exploratrice ou navigatrice, n’a pas fait le tour du monde ni traversé l’Amazonie, mais elle a voyagé, découvert un peu le monde. Au début, avec parents ou amis, en France et à l’étranger, souvent en Europe. Par la suite, plutôt à l’écart des routes touristiques, à l’occasion de missions de terrain en Chine, Biélorussie, Grèce ou Roumanie. Partout, les soirs de retour du terrain, elle n’a pu s’empêcher de consigner par écrit les lieux et choses vues, les conversations entendues, les rencontres et émotions. Au retour de voyage, avec la même obstination régulière, elle a rangé carnets de notes et courriers avec d’autres écrits jamais lus ni relus. Pourtant, un jour, elle s’est décidée à passer de l’observation à la narration, à oser affronter la critique, aller au bout d’un projet d’écriture et le mettre en forme. Elle espère désormais pouvoir continuer à raconter les déboires et aléas de la communication entre humains confrontés aux animaux sauvages, son inépuisable source d’inspiration et d’amusement !
« UN HIVER DE COYOTE » est son premier roman, publié par les Éditions TRANSBORÉAL, dans sa nouvelle collection « Nature nomade ».
Seulement, Marie-Lazarine n’est pas tout à fait une inconnue pour l’équipe de PLUME. Elle a participé à notre concours de nouvelles organisé en 2019 et s’est classée deuxième pour « Chienne de vie » et a assisté à notre salon « Plume de Printemps ».
« UN HIVER DE COYOTE »
Années 90. Marie, jeune biologiste française, débarque au Québec pour effectuer son postdoctorat. Elle est affectée à un poste autrement plus périlleux : assister Laurier, super technicien faune sauvage et grand trappeur devant l’éternel, dans l’étude de la prédation exercée par les coyotes sur les cerfs, en Gaspésie. Par -20°C, la voici projetée sur le terrain dans la mal nommée « Baie des Chaleurs », elle qui n’a jamais manié une motoneige. Heureusement, Laurier connaît son métier à la perfection, et si la néophyte ne sait rien du froid, au moins elle suit et développe même, à ses dépens, un certain potentiel comique. Durant des mois, dans une nature sauvage, le trappeur et la biologiste sillonnent la rivière gelée et son vallon, tendent des collets, collectent des crottes, notent leurs observations, scrutent le vol des corbeaux, analysent les empreintes à la recherche de carcasses et, peu à peu, apprennent à se connaître. Isolés du monde, ils goûtent au bonheur d’être pleinement eux-mêmes, le temps d’un hiver.
Comment apprivoiser un trappeur québécois quand on est femme, biologiste française et nulle en motoneige… ?
Points forts
– Un récit authentique au cœur du grand froid, entre roman d’aventures, épreuve initiatique et histoire d’amour.
– Le témoignage drôle et sincère d’une femme plongée dans un univers masculin et une nature sauvage, hostiles de prime abord.
– Une langue riche et savoureuse, inspirée du « nature writing » et émaillée des régionalismes québécois.
– Une ode aux grands espaces, où la vie sauvage imprègne les relations humaines
Je ne vous en dis pas plus, je ne peux pas être neutre, car Marie est une de mes grandes amies, qui m’avait, lors de notre première rencontre, déjà envoûtée par sa façon de raconter la vie qu’elle menait en Gaspésie, de m’entraîner sur ses traces d’aventurière moderne.
Je n’ai qu’un conseil à vous donner : partez en sa compagnie et au fil des pages, partagez l’espace d’un hiver sa vie au milieu des coyotes.
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